Des prisons au bord de l'explosion
Par nicolas éthèvePublié le
Rien ne va plus à la prison de Villeneuve-lès-Maguelone, dans l'Hérault (Languedoc-Roussillon). Développement du phénomène de caïdat, rivalités entre bandes de différentes nationalités ou ethnies, passages d'armes et de stupéfiants au parloir ou par-dessus l'enceinte du centre pénitentiaire, agressions des surveillants à l'intérieur comme à l'extérieur de la prison par les détenus (ou ex-détenus) et leurs familles... Le tableau est bien sombre.
Dernier exemple de cette cocotte minute sans cesse au bord de l'explosion : cette violente altercation entre bandes rivales qui ont dégainé des armes blanches de confection artisanale pour régler leurs comptes, avant de faire front face à l'intervention des surveillants pénitenciers...
Du « Prison break » tout près de chez vous...
Le pire, c'est que le quotidien de la prison de Villeneuve-lès-Maguelone y est, peu ou prou, le même que dans les centres de détention semblables, dans le reste de la région administrative pénitentiaire Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon. C'est Patrick Cayeul, responsable régional du Syndicat pénitentiaire des surveillants (SPS), qui le dit : « Il y a deux sortes d'établissements : les gros, comme Villeneuve, Béziers, Perpignan, où c'est un bordel innommable... Et les petits, comme Mende, Tarbes, Foix et Albi, où il y a une cinquantaine de détenus pour une trentaine de surveillants. Dans ces petites prisons, tout va bien, parce qu'il n'y a pas de gros problèmes de surpopulation carcérale et de sous-effectifs ».
A Villeneuve-lès-Maguelone, 680 détenus s'endorment tout les soirs dans une prison qui ne dénombre que 593 places. Ils sont encadrés par 142 surveillants répartis en brigades. Ce qui ramène le ratio à seulement 23 surveillants par vacation, pour 680 prisonniers... Et entraîne des « conditions exécrables, tant pour la sécurité des personnels que pour les conditions d'existence des détenus », souligne Patrick Cayeul.
Toutes les organisations syndicales de la prison de Villeneuve-lès-Maguelone l'ont signifié ces dernières semaines. FO et l'UFAP (Union fédérale autonome pénitentiaire), les deux premières organisations syndicales du centre, en organisant deux mouvements avec blocage de la Maison d'arrêt. Et le SPS en écrivant des courriers au Préfet, au procureur de la République et aux parlementaires.
« Cercle vicieux »
« Nous réclamons 15 à 20 agents en plus, pour avoir une équipe de plus dans le roulement de service, explique Patrick Cayeul. Cela nous permettra d'avoir une marge de manœuvre aujourd'hui inexistante. Actuellement, quand il y a des arrêts maladie, suite notamment aux incidents avec les détenus, comme récemment dans le quartier des mineurs, l'administration puise sur les repos des agents... Cela leur donne des heures supplémentaires payées, mais à un moment donné, la fatigue s'accumule et les agents, qui ne savent même plus ce que c'est un week-end, finissent en arrêt maladie... C'est un cercle vicieux ! »
S'il a refusé de participer à une réunion dans le cadre de l'audit organisé hier et aujourd'hui à la maison d'arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone (« parce que les 5 ou 6 précédents audits n'ont jamais rien donné »), Patrick Cayeul a accepté de rencontrer le Préfet Claude Baland, en visite à la prison, ce jeudi, à 11h45. Avec l'espoir d'un règlement de la situation, même si la politique publique actuelle est au non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Y compris dans les prisons, où se tiendront des élections professionnelles qui s'annoncent très suivies le 20 octobre prochain...