France : les Causses et Cévennes ou l'essence de l'agro-pastoralisme méditerranéen
Par nicolas éthèvePublié le
Avec le Cirque de Navacelles, l'un des joyaux du territoire des Causses et Cévennes classé par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité le 28 juin dernier, Martine Aubry, candidate aux primaires socialistes, ne pouvait pas rêver meilleur cadre pour présenter dans l'Hérault la «nouvelle donne énergétique» qu'elle souhaite promouvoir. Situés dans le sud-ouest de la France, au sud du Massif central et à proximité de la mer Méditerranée, ce territoire a été retoqué deux fois par l'Unesco en 2006 et 2009, avant que 300 000 de ses hectares ne soient finalement inscrits au patrimoine mondial de l'humanité, pour leur exceptionnel « paysage culturel évolutif et vivant ».
«Un exemple majeur et viable»
Les Causses et Cévennes constituent « un paysage de montagnes tressées de profondes vallées qui est représentatif de la relation existante entre les systèmes agro-pastoraux et leur environnement biophysique, notamment au travers des drailles ou routes de transhumance », souligne notamment l'Unesco dans ses conclusions. (…) Les Causses et les Cévennes présentent pratiquement chacun des types d'organisation pastorale rencontrés sur le pourtour de la Méditerranée (agro-pastoralisme, sylvo-pastoralisme, transhumance et pastoralisme sédentaire). (...) Cette zone est un exemple majeur et viable de l'agro-pastoralisme méditerranéen. Sa préservation est nécessaire pour traiter les menaces provenant des problèmes sociaux, économiques et environnementaux auxquels de tels paysages sont confrontés dans le monde entier. D'un point de vue historique, les Causses et les Cévennes conservent de nombreux témoignages de l'évolution de leurs sociétés pastorales sur plusieurs siècles. Leur important patrimoine bâti, leurs caractéristiques paysagères et associations immatérielles, qui reflètent le pastoralisme traditionnel, seront préservées grâce au renouveau contemporain de l'agro-pastoralisme ».
Un pied de nez au gaz de schiste
Ces conclusions ont suscité une immense joie chez Frédéric Roig, le conseiller général du canton du Caylar, qui représentait le Département de l'Hérault, le 28 juin, à Paris, au siège de l'Unesco : « Pour notre territoire, c’est fabuleux ! C’est plus de 10 ans de travail qui ont abouti à cette bonne nouvelle pour notre département ! » Jusqu'au bout, les défenseurs du dossier avaient craint que l'attribution gouvernementale de permis de recherche de gaz de schiste ne sabote la candidature Causses et Cévennes. Pied de nez de l'histoire, l'attribution du label de l'Unesco est désormais un atout de plus pour les opposants à l'extraction du gaz de schiste, la préservation et la valorisation du patrimoine culturel et naturel étant l'un des grands objectifs (1) gravés dans le marbre de cette distinction attribuée par l'Unesco.
N.E
(1). Les autres objectifs de l'Unesco sont les suivants : mettre ce patrimoine à la disposition du plus grand nombre ; faire de la relation entre l'homme et la nature un facteur de développement des productions d’excellence (agriculture, tourisme) ; associer les collectivités et les structures de gestion existantes (Parc National de Cévennes, Parc Naturel Régional des Grands Causses, Centre Permanent d’Initiative pour l’Environnement des Causses Méridionaux) ; coordonner aménagement du territoire et respect du patrimoine.