Pour le 60è Musc'art, la Guadeloupe et une Dame aux yeux verts.
Par MAMIER PierrePublié le
Chaque premier jeudi du mois, le cénacle artistico-littéraire Musc'art se réunit au restaurant Côté Mer de Frontignan plage. Angela Mamier reçoit à chaque fois deux invités qui parlent de leur oeuvre et de leur parcours pour mieux se faire connaître . Jeudi dernier, au 60è Musc'art on parlait théâtre et de la Guadeloupe.
Jeudi dernier, au restaurant « Côté Mer » de Frontignan plage, Angela Mamier présentait à son public le 60è Musc’art. C’était un anniversaire comme pour les autres éditions, la formule de l’invitation de deux artistes restant la même tout en variant le contenu ou la tonalité à chaque fois.
Les fidèles du cénacle avec quelques nouveaux venus ont alors porté toute leur attention à Jean Surjus, le premier intervenant, venu pour la troisième fois d’Argelès-sur-Mer, où il sera encore, le prochain week-end, l’un des principaux instigateurs du Festival du Livre de la Mer et de la Montagne, où va se rendre Angela Mamier pour la cinquième fois cette année, attachée qu’elle est à cette amitié toute particulière qui la lie à ce Festival, porté par le regretté André Vinas, invité de Musc’art en 2014.
Jean Surjus, c’est toute une passion pour la mer, la navigation, les îles lointaines et ses gens au point d’avoir pour épouse, une guadeloupéenne. C’est dire s’il ne pouvait pas éviter de parler d’entrée du récent cyclone, avec force commentaires sur l’historique, le nombre et la nature de ces phénomènes récurrents (un tous les 1à ans), leurs conséquences et ce qu’en disent les médias, « qui exagèrent souvent sur le réchauffement climatique ». Alors, près avoir évoqué la profusion de crabes à ramasser comme seules suites positives d’Irma et Maria, Jean Surjus a poursuivi en historien et en amoureux de la Guadeloupe et évoqué l’histoire de l’île depuis LouisXIII, l’installation du commerce, avec la canne à sucre et surtout le problème de l’esclavage, avec ses révolutions et ses morts, qui a heureusement connu son épilogue en 1848 grâce à Arago et surtout Victor Schoelcher, député de la Guadeloupe. Passant à des images plus gaies sur l’écran, Jean Surjus nous a emmenés dans des biguines endiablées, des concerts de « steel bands », avec des images d’animaux fabuleux et mythiques là-bas, au milieu des mangroves, avant de nous montrer comment « on chante Noël partout là-bas » avec des chants très gais, rythmés et colorés. Quand la culture et la passion pour un pays nous projette au cœur du drame mais aussi d’un paradis rêvé par certains….
Après Jean Surjus, nous allions assister à une toute première à Musc’art, avec la lecture d’une courte pièce de théâtre, qu’allait lire son auteur, Gérard Faget, plus connu à Musc’art comme chanteur et guitariste, avec une autre fine lettrée de Musc’art, Cécile Dray, qui endossait un rôle bien particulier, celui d’une troublante « dame aux yeux verts » qui vient à la rencontre d’un homme qui attend son bus pour aller travailler. Et le dialogue de s’engager, et le public de ne pas rester dupe très longtemps, après avoir saisi les thèmes de la Vie, de l’Amour, du temps qui passe et, bien sûr, de la Mort, personnifiée par cette dame. Cette sorte de petit conte philosophique, joliment écrit et versifié, pas exempt d’humour (quand le vieux juge, visité par la Mort, veut la condamner pour « usage de faux » !) en forme de fable aux faux-airs de « La Mort et le Bûcheron » de la Fontaine, a suscité tout un tas de réactions dans le public, pas insensible au thème suprême qui nous touche tous, celui de cette « Dame », qui peut arriver à tout moment. « Exister, qu’est-ce que c’est ? On n’existe que dans le présent…On ne sait pas ce qu’est le Temps et l’Espace….on a tous besoin des autres….des questions sur l’Eternité, le passé, le futur… » : Musc’art trouvait là l’une de ses vraies raisons d’exister, en établissant des ponts de réflexion et d’échanges entre un écrivain, son public et la philosophie de la vie.
Nous avons tous eu après ces moments intenses, si ce n’était pas déjà le cas, de quoi prolonger notre propre pensée sur cette « rencontre inévitable » que nous faisons et ferons tous un jour. Merci Gérard d’avoir pareillement pensé à nous rappeler l’essentiel : la Vie et la Mort.
Du coup les hôtes de Stéphanie ont eu un peu de peine à se mettre à table ! Mais ils ne l’ont pas regretté car notre bonne cuisinière s’était encore fendue d’un superbe menu, qui a semble-t-il fait oublier la Mort à toute la tablée !