L’an 1 de la « révolution dans la dignité », ont chanté des milliers de Tunisien

Tunisie : l’espoir continue à fleurir comme le jasmin

Un vent de fierté souffle sur l’avenue Bourguiba à Tunis, qui salue l’an 1 de la Démocratie conquise un jour de printemps en hiver après le renversement d’une des dictatures les plus répugnantes du monde arabe. L’an 1 de la parole enfin libre, de la pensée en fleur, de la confrontation des idées, de l’irruption spectaculaire de la jeunesse sur la scène politique et de son envie de vider au plus vite les poubelles de l’Histoire. L’an 1 de la « révolution dans la dignité » ont chanté des milliers de Tunisiens venus célébrer dans la capitale un 14 janvier 2011 marqué par l’évasion spectaculaire de Ben Ali et de sa famille.

Depuis lors, la jeune démocratie tunisienne a traversé un chemin truffé d’embûches, subi de nombreux soubresauts sous le regard étonné du reste du monde, à commencer par les nations occidentales de l’autre rive de la Méditerranée, dont les dirigeants, toutes tendances confondues, s’accommodaient sans vergogne de la pourriture de l’ancien régime.

Un an après, quel est donc le bilan ? L'avancée est à n'en point douter d'ordre politique. Le pays a bel et bien réalisé une rupture, il est passé à une nouvelle phase, entré dans le monde des démocraties. Les premières élections libres ont certes porté au pouvoir les islamistes d’Ennahda qui ont tiré profit de la peur du chaos, du besoin de stabilité des classes moyennes et convaincu à coups de promesses les plus démunis en attente de solidarité sociale. Mais tout n'est pas joué pour autant.

Bien sûr, il y a les menaces toujours présentes d’une islamisation sournoise, rampante, dans l’Education, la Culture, la vie familiale et en société… Bien sûr, il y a encore l’ombre d’une armée omniprésente dans la quasi-totalité des secteurs, les alliances à hauts risques et les tentations populistes autour des enjeux de pouvoir. L’an 1 de la Révolution demeure un terrain miné.

La société civile tunisienne n’en reste pas moins forte et vigilante, elle s’exprime au grand jour, dénonce, s’oppose, critique. Les salariés se mobilisent pour défendre leurs droits sociaux, les chômeurs crient haut et fort leur détresse, les étudiants progressistes protègent courageusement les espaces de tolérance contre l’agression des « fous de Dieu », les femmes veillent sur leurs acquis en matière de droits et d’égalité entre les sexes, investissent brillamment les sphères de la vie publique et institutionnelle...

Au plan international enfin, le pays reconstruit sa diplomatie sur des bases plus saines qui portent l’empreinte d’un combat populaire et forcent le respect, notamment devant ses voisins immédiats, Algérie, Maroc, Libye…

Un an après la déconfiture du régime de Ben Ali et malgré les sentiers escarpés qui restent à parcourir, une chose au moins est incontestable : l’espoir continue à fleurir comme le jasmin en Tunisie…