France : François Bayrou à Matignon, le spectre de la censure 

France : François Bayrou à Matignon, le spectre de la censure 

Nommé Premier ministre le 13 décembre, François Bayrou a rapidement suscité des réactions diverses au sein de la classe politique française. Suite au renversement du gouvernement Barnier, son choix par Emmanuel Macron semble diviser, notamment parmi les partis d'opposition. Ce climat politique tendu soulève à nouveau la question d'une éventuelle motion de censure.

Du côté de La France insoumise (LFI), la réponse a été claire et immédiate. Manuel Bompard, coordinateur national du parti, a annoncé sur X sa décision de déposer une motion de censure contre François Bayrou, affirmant qu’il n'y avait pas d'autre choix pour les députés : "soutien au sauvetage de Macron ou censure". 

La cheffe des insoumis, Mathilde Panot, a également soutenu cette position. De fait, LFI s’inscrit dans une continuité de son opposition à tout Premier ministre qui ne s'inscrit pas dans la mouvance du Nouveau Front populaire.

La position mitigée des socialistes, des communistes et des écologistes

Les socialistes, quant à eux, adoptent une approche plus tempérée. Ils ne se prononcent pas pour une motion de censure a priori, mais conditionnent leur soutien à des garanties claires concernant le programme de Bayrou. Dans une lettre à expliquant leurs préoccupations, les cadres du Parti Socialiste (PS) ont demandé des engagements sur des sujets sensibles, notamment la dépendance vis-à-vis du Rassemblement national et l’utilisation de l’article 49.3. Le président du groupe PS à l’Assemblée, Boris Vallaud, a clairement averti que "la continuation des politiques de Michel Barnier mènerait à une censure".

Les Écologistes et le Parti Communiste Français (PCF), semblables aux socialistes, adoptent également une posture prudente. Bien qu'ils ne s'opposent pas systématiquement à Bayrou, ils posent des conditions, notamment sur l'usage du 49.3 et les nominations gouvernementales. Les Écologistes, par la voix de Marine Tondelier, ont récemment souligné que le statu quo sur des questions clés, telles que la réforme des retraites et l'écologie, pourrait entraîner une motion de censure.

Le RN donne pour l’instant sa caution

De leur côté, le Rassemblement National (RN) ne désire pas voter pour une censure automatique mais se réserve le droit de le faire en fonction des actions du gouvernement. Marine Le Pen a précisé que les conditions posées sont légitimes, tout en gardant en tête que la censure dépendra de l'application du programme de Bayrou.

Enfin, Les Républicains (LR) semblent indécis quant à leur position. Ils souhaitent d'abord entendre François Bayrou expliquer son projet avant de décider d'une éventuelle participation au gouvernement ou de voter une motion de censure.