Marseille : Adieu pauvre Carnaval !
Par jcsPublié le
Dimanche 17 mars aura lieu le Carnaval de la Plaine et de Noailles. Depuis une quinzaine d'années, l'événement a ranimé une tradition carnavalesque qui était quasiment éteinte à Marseille.
Autant que vous soyez prévenus : si vous vous baladez dimanche après-midi entre la Plaine, Noailles, et le Cours Julien, venez déguisés. Si vous ne l'êtes pas, prenez au moins la précaution de porter des vêtements auxquels vous ne tenez plus.
Et si vous ne suivez pas ces conseils, gardez vos distances avec la bande de carnavaliers qui promènera dans les rues. Le Carnaval de la Plaine et de Noailles n'est pas un défilé qu'on regarde. Soit on y participe, soit on y participe. Difficile de faire autrement.
Et pour y participer, le déguisement est vivement recommandé. Mais ce n'est pas forcément indispensable. Non, ce qui rassemble les carnavaliers ce jour-là, ce n'est pas que le masque ou le costume. C'est la farine.
Ce dimanche soir, ceux qui rentreront chez eux les cheveux blanchis et le teint pâle ne seront ni malades, ni vieux avant l'âge. Ils reviendront du Carnaval. Et ils auront vécu la bataille de farine qui donne tout son sens à cette fête.
Irrévérence, outrance, excès
A Marseille, au début des années 2000, l'idée de carnaval n'évoquait rien d'autre qu'un défilé auquel on assiste, bien rangés derrière des barrières. Une sorte de fête officielle, sans ferveur ni passion. Un divertissement, tout au plus un moment de rigolade pour les enfants, qui se jettent des confettis.
La tradition du carnaval est pourtant toute autre, en particulier en Provence. Elle est bien plus joyeuse, bien plus festive, et surtout, elle est bien autre chose qu'un simple spectacle.
Le carnaval, c'est le moment de l'année où tout est permis. L'irrévérence, l'outrance, l'excès, tout cela est autorisé ce jour-là. C'est même recommandé. Mais, aujourd'hui encore, en suivant le carnaval organisé par la ville de Marseille, ces notions semblent plutôt des vieux souvenirs.
En 2000, quand un collectif lance la première édition du Carnaval de la Plaine, c'est justement en réaction à ce défilé triste et sans âme qu'offre chaque année la municipalité.
L'idée est de faire vivre un carnaval de quartier en ramenant à la surface toutes les vertus oubliées par la manifestation officielle. En premier lieu, faire de cette journée une fête qui se partage et qui se vit, pas qui se regarde.
D'où la présence de la farine comme ingrédient essentiel. Une fois couverts de farine des pieds à la tête, déguisés ou pas, la question ne se pose même plus. C'est déjà un bon début pour entrer dans la danse. Mais ce n'est justement qu'un début.
Caramentran va brûler
Le reste, c'est un tourbillon. Un mélange de carnaval à la provençale et d'influences venues d'ailleurs. Les fanfares de rue, roumaines, brésiliennes, marseillaises. Les chants, en italien, en provençal, ou en n'importe quelle langue. Le tout pour accompagner le Caramentran jusqu'au bûcher.
Cette paillasse, responsable de tous les maux, va payer pour ses forfaits. Tout le passa-carriera (c'est du provençal, intraduisible en français, disons le passe-rue) effectué jusqu'à présent n'avait qu'un seul but : amener l'effigie de bric et de broc sur les lieux de son jugement.
Le tribunal s'organise, le procès de Caramentran commence. Il n'a aucune chance, même si on lui accorde un avocat pour la forme, il ne s'en sortira pas. Tout le peuple veut qu'il flambe, il flambera.
Au son de « Adieu paure Carnavas », le chant provençal dédié à ce maudit Caramentran (et à l'autorité qui s'effondre), tous les enfarinés se réjouissent de le réduire en cendres. Cette fois encore, il n'échappera sûrement pas à son sort.
Tous les ans, Caramentran prend une forme nouvelle, mais il représente toujours ce que le peuple rejette, ce qui l'encombre, ce qui lui nuit. En cette année 2013, ne dévoilons pas le mystère, mais il se pourrait bien que le pantin ait un rapport avec une certain événement capital.
La culture populaire est bien vivante, le Carnaval de la Plaine et de Noailles en est la preuve.
Pour plus de renseignements, rendez-vous sur la page Facebook de l'Ostau dau Pais Marselhès, ou sur la Plaine, dimanche à partir de 14h.