Le président du Conseil des Équidés Languedoc-Roussillon, fait le point avec Médiaterranée sur les grands enjeux de la filière qu'il représente. (DR)

Hugues Calvin : « Nous élevons les meilleurs chevaux du monde ! »

Suite à la tenue de l'assemblée générale du Conseil des Équidés Languedoc-Roussillon le 10 septembre dernier, son président, Hugues Calvin, a accepté de faire le point avec Médiaterranée sur les grands enjeux actuels de la filière qu'il représente.

Au fil de l 'interview, Hugues Calvin évoque l'avenir du salon du cheval EquiSud Montpellier auquel le Conseil des Équidés Languedoc-Roussillon souhaite prendre part pour faire vivre une vitrine du monde régional du cheval, alors que cet événement était menacé de suppression il y a encore quelques mois... Et il nous parle également de l'évolution de Qualit'équidé, la démarche qualité lancée dans la région par le Conseil des Equidés d'ici, qui signe-là une première au niveau national sur laquelle s'appuiera bientôt le label Sud de France. Entretien...

En février dernier, vous aviez rencontré François Barbance, le précédent directeur d'Enjoy, pour vous entretenir avec lui sur le devenir de cette manifestation menacée à court terme de suppression, du fait de son déficit chronique. Que lui aviez-vous dit à l'époque et où en êtes-vous aujourd'hui ?

« J'avais alors dit à François Barbance ce que je dis toujours aujourd'hui à tout le monde : Vinisud met en avant les vins du Languedoc-Roussillon et donc, la région, on n'y présente pas du champagne ou du bourgogne, c'est un salon de la filière régionale : il faut faire la même chose avec nous, travailler avec les professionnels de la région. Parce qu'un salon du cheval, ça se passe avec des chevaux et ce ne sont pas dans les bureaux d'Enjoy qu'on les trouvera, mais chez nous, avec nos professionnels. C'est ce que nous proposons hier, comme aujourd'hui, au niveau du Conseil des Équidés, qui est l'organisation représentative des professionnels de la filière en Languedoc-Roussillon. L'objectif étant de faire renaître EquiSud, en lui donnant une identité régionale pour que notre filière bénéficie également de la vitrine dont elle a besoin, afin de promouvoir ses produits. Nous avons une parfaite convergence d'intérêts, entre les organisateurs du salons et les professionnels de la région, et nous nous mobilisons pour faire entendre cette idée.

Est-ce que cette idée fait son chemin dans les esprits ?

Oui, elle avance ! Au sein d'Enjoy et des services de la Région, comme au sein du Conseil des Équidés Languedoc-Roussillon, parce que son intérêt réciproque est tellement clair que, petit à petit, tout le monde y adhère ! Nous avons un salon du cheval dans notre région : si nous y impliquons nos professionnels, ils y feront des animations et des spectacles qui vont attirer le public, ce qui signifie que tout le monde sera gagnant ! Cette idée est tellement évidente que tout le monde y adhère, aujourd'hui ! Tout est parti du constat, partagé par les professionnels et les spectateurs, qu'il y avait de moins en moins de chevaux et de moins en moins d'associations et qu'il fallait donc relancer ce salon en y amenant nos chevaux et notre savoir-faire. C'est ce à quoi nous voulons travailler avec les organisateurs d'EquiSud.

Y compris en devenant vous-même, au niveau du Conseil des Équidés, coorganisateurs de ce salon ?

Non, le Conseil des Équidés n'a jamais été organisateur d'EquiSud et il ne le sera pas demain...

Autre sujet d'importance pour votre filière : votre structure s'est engagée dans une démarche de qualité, où en êtes-vous à ce niveau-là ?

Nous sommes partis de zéro, donc nous avons dû la créer de toutes pièces, mais aujourd'hui, toute la filière nationale du cheval regarde de très près ce que nous avons accompli au niveau de notre démarche de qualité, parce que nous sommes les premiers à nous lancer dans cette aventure. Ce processus a consisté à créer une charte de qualité. Fondé sur de nombreux critères, tels que la qualité des structures de logement des chevaux, le respect du bien-être animal, et le respect des hommes, ce cahier des charges ouvre la voie, si on le respecte, à une labellisation. Cette labellisation est tellement reconnue aujourd'hui, que la Région Languedoc-Roussillon souhaite y adosser la labellisation qualité Sud de France en ce qui concerne l'équitourisme, ce dont nous ne pouvons que nous réjouir ! C'est quelque chose qui est déjà validé dans les services de la Région et le souhait que j'ai exprimé lors de notre dernière assemblée générale, c'est qu'à l'avenir, nos chevaux puissent également être labellisés Sud de France pour des raisons de visibilité et de promotion évidentes. L'attribution de ce label Sud de France serait totalement justifiée, parce que les chevaux élevés dans notre région ont une vraie identité régionale qui est aussi une identité méditerranéenne. Nous sommes des agriculteurs, nous faisons des produits agricoles, donc si une pêche peut être labellisée Sud de France, les équidés produits chez nous doivent aussi pouvoir l'être, d'autant que nous élevons les meilleurs chevaux du monde !

Quels sont-ils justement ?

Dans notre région, l'élevage tourne essentiellement autour de deux races : le camargue et le cheval d'endurance qui relève, principalement, du pur-sang arabe. Le 10 septembre, nous avons eu « Les 160km de Florac », dans notre département régional de la Lozère. Sur les 18 nations en lice dans ce master mondial qui est la plus longue et la plus belle course du monde, nos chevaux ont encore brillé : c'est un cavalier de la région, Laurent Mosti - un Nîmois -, qui a gagné avec un cheval de Montpellier, Easy Fontnoire. Je vous laisse imaginer notre satisfaction !

Sur le plan économique, est-ce que la filière du cheval sent elle aussi la crise ?

Oui, on la sent, notamment au niveau des centres équestres et des écuries de propriétaires : il y a un tassement de l'activité. Notre filière est une filière en plein développement, elle connaît beaucoup de créations d'entreprises, et donc parfois, ces entreprises peuvent devenir fragiles. Notre rôle, au niveau du Conseil des Équidés, c'est de consolider les entreprises existantes et d'aider les créateurs d'entreprises à entreprendre dans des conditions réalistes et réalisables. De manière plus générale, c'est notre rôle que de préparer les professionnels à un éventuel soubresaut de la crise et de les accompagner au maximum. Nous espérons que tout reviendra à la normale très vite. »

Recueilli par Nicolas Ethève

(1). Hugues Calvin est éleveur au Domaine de la Demoiselle, à proximité de Quissac, dans le Gard. Il est depuis 18 mois le président du Conseil des Équidés Languedoc-Roussillon qui représente toute la filière de la région au travers de 4 collèges (« élevage », « équitourisme », « sport » et « territorial », ce dernier rassemblant les 5 filières départementales de la région).

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