Inquiétant regain de répression en Algérie
Par musthammouchePublié le
En Algérie, les manifestations sont à peine tolérées. Dans la capitale, elles sont littéralement prohibées. Le pouvoir y a développé un art consommé de l’étouffement de tout mouvement citoyen et la répression de l’expression publique y est d’une remarquable brutalité.
La dernière démonstration en date de cette agressivité répressive a été éprouvée par les étudiants en pharmacie. Une agressivité si évidemment disproportionnée qu’une enquête a été ordonnée. Le temps de distraire les commentaires. En particulier ceux des réseaux sociaux qui, de plus en plus, contrarient un régime qui voit dans leur développement la menace d’une libre communication citoyenne contre son principe conservateur d’omerta.
De plus en plus d’internautes sont poursuivis, voire emprisonnés, au motif de diffamation ou d’offense au président, au prophète ou à la religion. La traque des adeptes du culte « Ahmadis » constitue une autre étape de ce mouvement de répression qui, toujours, va en s’amplifiant. Dans un pays où prospère en toute quiétude le wahhabisme meurtrier, les autorités en charge de la conscience citoyenne n’ont pas encore expliqué ce qui, dans ce rite, en fait une secte. Un statut qui, sans être formellement défini par la législation algérienne, motive officiellement l’arrestation et les poursuites contre ses affiliés.
Le harcèlement de l’expression publique vient de franchir un nouveau seuil avec la traque des causeries d’intellectuels, en Kabylie en particulier, où, coup sur coup, des conférences et des séances de dédicaces de scientifiques et d’écrivains viennent d’être empêchées à Bejaia, puis à Tizi Ouzou.
Cette nouvelle campagne de répression a pris des allures d’actions occultes dont aucune autorité n’assume la responsabilité. En Algérie, l’étouffement de la liberté d’expression a toujours pris les formes les plus variées, de la répression violente à la corruption, en passant par l’obstruction administrative et l’intimidation ; mais cette répression clandestine inquiète. Car l’affaiblissement du régime, dû à l’érosion poussée de sa légitimité, à la rumeur d’aggravation de l’état de santé d’un président qui concentre l’autorité politique, à la faillite financière de l’Etat, s’il explique ce regain de répression, fait craindre aussi l’anarchie des initiatives politico-policières.
M. H.