« Le lendemain en rentrant du travail, mes affaires étaient prêtes, ma mère d'adoption m'a regardé et m'a dit "dégage", ''je ne veux pas sacrifier ma famille pour toi''. »

Résidents du Refuge, ils écrivent contre l'homophobie : le témoignage d'Alain !

Médiaterranée, le Refuge et MonRubanBleu® s'associent pour donner la parole chaque dimanche, à un jeune suivi par le Refuge. Au travers de leurs écrits, ils racontent leur histoire et leurs difficultés face à l'intolérance homophobe pour qu'elle disparaisse de ce monde. Aujourd'hui, nous vous livrons le témoignage d'Alain.

Deux mois après la mort de Peter, ce jeune homosexuel que ses parents homophobes voulaient exorciser pour qu'il « change de bord », Le Refuge, MonRubanBleu® et Médiaterranée ont décidé de s'associer pour donner chaque dimanche de ces prochaines semaines, la parole à un résident du Refuge. Pour qu'ils puissent, chacun à leur tour, vous raconter leur histoire et leurs difficultés face à l'intolérance homophobe. Parce que l'écriture libère et transforme les êtres et le monde.

Après le précédent témoignage d'Angelo, nous vous livrons, ce dimanche 19 octobre celui d'Alain qui, aujourd'hui âgé de 23 ans, a été abandonné par la famille d'accueil qui l'avait élevé depuis l'âge d'un an.

Le témoignage d'Alain

« Abandonné à la naissance, j'ai été placé en famille d'accueil à l'age d'un an, je voyais ma famille biologique de temps en temps, lors de visites encadrés. J'ai pu aller chez ma mère un week-end par mois, mais ça se passait très mal et elle nous battait mes sœurs et moi : à mes 11 ans les visites ont été arrêtées sur ordonnance du juge.
 

Ma famille d'accueil est devenue ''Ma Famille''. Vers 13-14 ans, j'ai eu ma première relation avec une fille, mais je me sentais mal à l'aise, je ne ressentais rien, puis je me suis senti attiré par mon meilleur ami, nous avons vécu une histoire de 3 mois qui m'a confirmé mon homosexualité.
 

Ayant vécu dans un climat strict, je me posais beaucoup de questions, j'ai alors décidé d'en parler à ma prof de SVT qui a su m'écouter, répondre à mes questions et me rassurer, j'étais soulagé. Ce secret me pesait, j'ai donc franchi le pas, j'en ai parlé à ma marraine (fille de ma maman d'accueil), elle a super bien réagi et m'a conseillé d'en parler avec ma maman, ce que j'ai fait, elle a très bien réagi contrairement à mon père.
 

J'ai voulu en discuter avec lui, mais il ne réagissait plus et ne m'adressait plus la parole. Le lendemain en rentrant du travail, mes affaires étaient prêtes, ma mère d'adoption m'a regardé et m'a dit "dégage", je savais qu'elle le faisait à contre-cœur suite à un ultimatum posé par mon père, je l'ai alors regardé et lui ai dis "tu ne peux pas faire ça, je ne suis pas ton fils biologique, mais ton fils quand même", elle m'a répondu qu'elle ne voulait pas sacrifier sa famille pour moi.
 

J'ai donc appelé mes amis, afin de trouver de l'aide, ma meilleure amie a accepté de m'héberger, à l'époque, j'étais en alternance école, salon de coiffure. Je suis resté 3 mois chez ma meilleure amie, j'ai réussi malgré les difficultés à passer mon CAP coiffure, puis je suis parti en Belgique où j'y ai trouvé du travail et une colocation, j'y suis resté un an.
 

Puis un jour, mon père biologique reprend contact avec moi, je pars vivre avec lui 4 ou 5 mois, mais tout se dégrade vite, ma grand-mère ne m'accepte pas du tout et prend sans arrêt la tête à mon père qui préfère du coup que je m'en aille. Me voilà encore une fois exclu.
 

La seule personne toujours présente reste ma meilleure amie. À l'époque fan de Jenifer, elle entend parler du Refuge, m'en parle à son tour, nous nous renseignons sur le net et je décide alors de les contacter.
 

Je suis d'abord pris au Refuge de Bordeaux, puis au Refuge de Lyon, où je resterais 6 mois. Ce fut pour moi une expérience enrichissante du point de vue social, je n'avais plus de gênes vis-à-vis de mon homosexualité, ça m'a permis de m'assumer entièrement.
 

Pour moi, Le Refuge est une vraie famille, ou il n'y a que de la tolérance, du respect et de l'amour. Aujourd'hui, je deviens moi, j'ai redécouvert une facette de moi, j'ai repris confiance en moi et reste positif. Installé dans le sud, en couple, je m'oriente vers un CAP vente et je suis très heureux.
 

Merci à toute l'équipe du Refuge de Lyon de m'avoir permis d'avancer et d'être ce que je suis aujourd'hui. Je remercie aussi Nicolas Noguier d'avoir créé Le Refuge, que tous les efforts fournis puissent encore aider d'autres jeunes comme moi. Le Refuge pour moi est une grande famille qui restera à jamais dans mon cœur. »