en termes diplomatiques, il s’est dit que la Turquie a adhéré au «plan d’action» élaboré par la Commission européenne... (DR)

L’arrangement euro-turc pour tarir l’afflux des réfugiés

Angela Merkel, en émissaire des Européens, a fini par aboutir à un arrangement avec le président turc Recep Tayyip Erdogan pour stopper sur son territoire les réfugiés en transit vers l’Europe.

En termes diplomatiques, il s’est dit que la Turquie a adhéré au «plan d’action» élaboré par la Commission européenne. Ankara a demandé en contrepartie 3 milliards d’euros pour l’accueil des réfugiés, la dispense de visas pour l’accès de ses ressortissants à l’Europe et la reprise des négociations d’adhésion à l’UE. Frappes russes obligent, Erdogan a fini par renoncer à son exigence de création d’une zone de sécurité en Syrie.

Révoltée par ce qui ressemble à un soutien aux conservateurs à deux semaines des législatives, l’opposition turque a dénoncé la visite de la chancelière. Dans une lettre ouverte adressée à Merkel, une centaine d’intellectuels rappellent que «l’UE devrait promouvoir les valeurs européennes ; or, MM. Erdogan et Davutoglu (le premier ministre – NDLR) ne font que les bafouer».

L’opposition allemande a également réagi, reprochant à Mme Merkel d’avoir boosté la campagne électorale de l’AKP (parti islamiste d’Erdogan). «La familiarité avec le despote est une déclaration de faillite morale», a estimé Sahra Wagenknecht, coprésidente de Die Linke (gauche radicale), au Bundestag.

La Turquie sous le régime d’Erdogan a jusque-là entretenu un jeu trouble face à l’expansion de Daech, fermant les yeux sur le franchissement de ses frontières par les candidats au djihad en Syrie, sur la circulation des armes et sur le blanchiment d’argent. L’Europe s’est, à l’évidence, bien gardée d’aborder ce chapitre.