Des messages racistes dans le hall des immeubles marocains

Maroc : les africains victimes de discrimination à la location

« Louer aux africains est strictement interdit ». C'est le genre de message que l'on voit fleurir dans les halls d'immeuble à Casablanca, au Maroc. Des photos de plusieurs pancartes à connotation raciste ont été prises dans plusieurs immeubles de la ville. Des internautes font circuler ces photos dans les réseaux sociaux afin de dénoncer la discrimination que subissent les populations d'Afrique noire et notamment les étudiants. Ceux-ci séjournent pour la plupart dans le quartier d'Oulfa, à Casablanca.
 

« Les propriétaires d'appartement se sont ligués contre nous ! »


Nafissa, une étudiante ivoirienne établie à Casablanca, témoigne : " En 2012 nous avons loué un appartement avec deux autres copines à la résidence Areeda dans le quartier d'Oulfa. En tant qu'africaines, nous avons été la cible de menaces de la part des résidents. Un jour, de retour de l'université, nous sommes tombées sur une de ces pancartes dans le hall de notre immeuble. Etant écrite en arabe, nous n'avons pas tout de suite compris sa signification, jusqu'à ce qu'une personne vienne la traduire. Et là, ce fut le choc !
 
Nous avons subi par la suite de plus en plus de menaces. Même si le propriétaire de l'appartement où nous résidions a fait tout son possible pour nous aider, il a fini par céder à la pression des autres résidents et nous a finalement demandé de quitter les lieux. Suite à notre refus,  la police est venue sur place pour nous sortir. Une de mes amies s'est même faite giflée par un officier. Nous nous demandons encore sur quelles bases légales ils ont agi ainsi !
 
Je ne suis plus retournée dans cette résidence depuis cet événement mais des amis m'ont affirmé que les affiches étaient toujours collées. Ce n'est pas un cas isolé, car même le bail que nous avons signé pour le nouvel appartement n'a pas été respecté. L'actuel propriétaire, encore une fois sous la pression des habitants,  a été obligé d'y mettre fin avant l'échéance prévue.
 
La discrimination contre les Africains devient normale. Le quotidien est moins évident lorsque l'on est de couleur noire. J'ai personnellement subi des humiliations, des jets de pierres et même de fruits en marchant dehors."
 
Mr Benekri est le propriétaire dans une des résidences où Nafissa a été éjectée du fait de sa couleur. Selon lui, ces types de pancartes sont présentes dans de plus en plus d'immeubles. Il trouve cela scandaleux et illégal. Il a lui-même eu des locataires africains qu'il trouvait très corrects.
 
Ce n'est pas le cas de certaines personnes de son entourage, qui se sont plaint de ces étudiants africains car ils sous-louaient, sans permission, à des compatriotes travaillant comme vendeurs à la sauvette.
 
Le racisme est un sujet encore tabou. Au Maroc, comme dans le reste du Maghreb, il existe un réel problème de racisme envers les Noirs. « Noirs marocains » ou « Noirs africains », ils n'en restent pas moins des descendants d'esclaves.
 
Qualifiés de « hartani », littéralement « homme libre de second rang » ou plus violemment de « aâzi », que l'on pourrait traduire par « sale nègre », les Noirs du Maroc, qu'ils soient étudiants, migrants, subsahariens et autres, sont victimes chaque jour de discrimination de la part du peuple chérifien. Un comportement en contradiction avec la politique menée par le roi qui encourage les étudiants africains à venir sur place.