France: victoire historique de la gauche au Sénat à quelques mois des présidentielles, panique à droite
Par N.TPublié le
Rejetée par un nombre croissant d'élus qui constituent les "grands électeurs" en raison notamment de ses atteintes incessantes aux services publics de proximité, minées par des divisions internes, les "affaires" et les scandales à répétition, la droite française prend l'eau à quelques mois des présidentielles. Situation encore inespérée par la gauche il y a seulement quelques jours, celle-ci a remporté dimanche 25 septembre la majorité absolue au Sénat, deuxième chambre du système parlementaire. Une première dans l’histoire de la Vème République française.
Quelques 71 890 grands électeurs (députés, conseillers régionaux, conseillers généraux, délégués des conseils municipaux) étaient appelés aux urnes dimanche pour renouveler la moitié de l’hémicycle. Sur les 170 sièges qui étaient à pourvoir, la gauche a conquis les 23 sièges supplémentaires qui lui étaient nécessaires pour obtenir la majorité absolue. Ceci avant la clôture de tout le dépouillement des votes, notamment ceux de la Martinique et de la Guadeloupe (Outre-Mer).
«L'Elysée prend acte des résultats du scrutin sénatorial, qui est la conséquence de la progression de la gauche aux élections locales intervenues depuis 2004», a déclaré la présidence de la République dans un communiqué.
Le premier ministre, François Fillon a « pris acte » de la « forte poussée » de l'opposition, « accentuée par les divisions de la majorité », et a appelé au «rassemblement de tous les élus qui se reconnaissent dans les valeurs de la majorité présidentielle».
« Le moment de vérité aura lieu au printemps prochain », a-t-il ajouté faisant allusion aux élections présidentielles de mars 2012.
Pour Jean-François Copé, secrétaire général de l’Union pour un Mouvement Populaire, (UMP, majorité présidentielle), « la défaite de la droite au Sénat constitue une déception mais pas une surprise» en raison «des défaites locales successives » depuis 2004.
«Je reconnais la poussée de la gauche, je pense que c’est pour nous une leçon sévère dont il faudra tirer les conséquences », a déclaré de son côté Jean-Pierre Raffarin sénateur UMP.
Les leaders de gauche ont largement exprimé leur satisfaction.
Il s’agit d’une « progression historique pour la gauche et une sanction incontestable pour l'UMP » s'est réjoui, le premier secrétaire du Parti Socialiste (PS) par intérim, Harlem Désir.
Pour François Hollande, ancien premier secrétaire du PS, candidat aux primaires socialistes en tête dans les sondages, ce basculement à gauche constitue « un échec grave, une décomposition du système politique. » C'est «d'une certaine façon prémonitoire de ce qui va se passer en 2012».
Les grands électeurs «ont voté avec la même exaspération que les Français devant la République abîmée», a déclaré Martine Aubry, candidate aux primaires socialistes.
Pour Ségolène Royal, autre candidate aux primaires PS, il s’agit «d’une sanction d’une sévérité extrême de la politique de la droite».
L'élection à la présidence du Sénat aura lieu samedi 1er octobre. Le président est élu par l'ensemble des sénateurs, après chaque renouvellement. La majorité absolue des suffrages exprimés est nécessaire pour être élu au premier ou au deuxième tour. En cas de troisième tour, la majorité relative suffit.
Jean-Pierre Bel, président du groupe PS au Sénat, est pressenti comme candidat à la présidence. Le sortant, Gérard Larcher (UMP) ne jette pas l’éponge pour autant, il a annoncé son intention de se représenter comptant notamment sur les voix de quelques radicaux, qui votent tantôt à droite, tantôt à gauche.