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Sahara occidental : Washington enterre le droit international et rallume les braises au Maghreb

Le projet de résolution sur le Sahara occidental présenté par les États-Unis au Conseil de sécurité de l’ONU marque une rupture grave dans l’histoire du conflit. Pour la première fois, Washington érige le plan d’autonomie marocain non plus en option, mais en unique voie vers une paix dite « durable ». Une formulation trompeuse, qui revient à consacrer l’occupation coloniale du Sahara occidental par le Maroc et à nier le droit fondamental du peuple sahraoui à l’autodétermination, reconnu par la Charte des Nations unies.

La fuite du projet a déclenché une onde de choc à Alger et à Tindouf. L’Algérie, par la voix de ses médias d’État, a dénoncé « une négation frontale du droit international et une insulte à la Charte de l’ONU », tandis que le Front Polisario a parlé d’« imposition coloniale » reflétant exclusivement « la position américaine ». Pour le mouvement sahraoui, ce texte parachève la normalisation diplomatique entre Rabat et Washington, amorcée sous Donald Trump, lors de son premier mandat, qui avait reconnu la souveraineté marocaine sur le territoire en échange d’un rapprochement avec Israël. L’administration actuelle, loin de revenir sur cette décision illégale, semble désormais vouloir l’officialiser par voie onusienne.

Une logique de chantage coloniale

Le texte, qui réduit la mission onusienne (MINURSO) à trois mois, amorce aussi une pression dangereuse : soit le Polisario se rallie au plan marocain, soit la question sahraouie sort de l’agenda international. En d’autres termes, le peuple du Sahara occidental serait sommé d’accepter une autonomie fictive sous domination marocaine, ou de disparaître du droit des peuples. Une logique de chantage colonial que dénoncent de nombreuses organisations sahraouies et algériennes.

Au-delà du Sahara, les conséquences régionales sont explosives. Les manœuvres diplomatiques américaines, dans la foulée de celles de la France, risquent d’attiser les tensions entre Alger et Rabat, déjà au plus bas depuis la rupture des relations diplomatiques. En marginalisant le Polisario et en cherchant à démanteler la MINURSO, Washington alimente la tentation de la confrontation. Les jeunes Sahraouis, épuisés par un demi-siècle d’attente, appellent de plus en plus à reprendre la lutte armée. Les risques d’affrontement direct ne sont plus théoriques.

Entériner une injustice historique

Ce projet de résolution ne vise pas seulement à solder un conflit : il s’inscrit dans une stratégie géopolitique de containment de l’Algérie, pays non aligné qui revendique une politique étrangère indépendante et refuse de se soumettre aux axes de puissance dictés par Washington et Paris. En érigeant Rabat en partenaire privilégié, les États-Unis cherchent à remodeler les équilibres du Maghreb au profit du Maroc, de l’OTAN et d’Israël, au détriment d’Alger et du droit des peuples.

Sous couvert de paix, cette résolution menace d’entériner une injustice historique. Elle substitue la logique de puissance à celle du droit, et fait du Conseil de sécurité un instrument de légitimation coloniale. Les peuples du Maghreb, qui ont payé le prix fort de la décolonisation, savent trop bien où mènent ces équilibres imposés : à la guerre.

L’avenir du Sahara occidental ne peut être décidé ni à Rabat, ni à Washington, ni à Paris. Il doit l’être par les Sahraouis eux-mêmes, dans le cadre d’un référendum d’autodétermination conforme aux résolutions de l’ONU. Tout autre scénario serait une capitulation du droit devant la force -et une défaite morale pour la communauté internationale.

Photo: (DR)

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