Procès de Jérôme Kerviel : le procureur général requiert 5 ans de prison ferme
Par yazPublié le
Jugé en appel mercredi 27 juin, l'ancien traders Jerôme Kerviel a fait l’objet d’un réquisitoire particulièrement lourd. Le procureur a requis cinq ans de prison ferme, peine jugée «exemplaire et dissuasive» pour les pertes colossales occasionnées à la Société Générale en 2008.
Les avocats de la Société Générale ont par ailleurs demandé à la cour d'appel de confirmer la condamnation de l'ancien trader à lui payer la somme absurde de 4,9 milliards de dommages et intérêts.
En première instance, en 2010, il avait été condamné à cinq ans de prison dont trois fermes, ainsi qu'à des dommages et intérêts astronomiques de 4,9 milliards d'euros.
Jérôme Kerviel qui a continuellement affirmé que ses supérieurs étaient au courant de ses opérations et l'encourageaient même à prendre des risques, s’est présenté cette fois comme la victime d’une manœuvre de la Société Générale destinée à camoufler les pertes de celle-ci dues aux « subprimes », à l’origine de la crise financière mondiale en 2008.
La banque maintient sa thèse initiale d’opérations spéculatives effectuées à son insu. Kerviel est accusé de les avoir dissimulées à sa hiérarchie à travers des faux mails et des fausses déclarations.
«Monsieur Kerviel, si la banque savait, pourquoi faire des faux ? Pourquoi tout faire pour lui cacher ce qu'elle savait ?» a questionné l'avocat général Dominique Gaillardot.
La tentation de se sentir plus forte que les marchés…
Selon lui, l’ancien trader a fait preuve d’une « volonté manifeste de tromper », et il s’est longuement employé à le démontrer.
"De mars à juillet 2007, pendant cinq mois, il fait (Jérôme Kerviel) potentiellement perdre de l'argent à sa banque. Si elle l'avait su, quel était l'intérêt de la banque à conserver un trader qui la mettait puissamment en danger ?"s’est-il interrogé.
« Jérôme Kerviel a une parfaite connaissance des rouages. Il adapte son discours en permanence. Jusqu'au bout, il fera preuve de duplicité. Il tapait d'une main des explications fausses, fabriquait des faux mails en réponse aux questions qui lui étaient posées, et continuait de l'autre à prendre des positions à risque», a résumé l’avocat général.
La "clé de ce dossier", a-t-il conclu, est à rechercher dans les « valeurs véhiculées par le monde des traders, où l'on ne cesse de comparer ses bonus, par la culture spécifique des salles de marché, par le montant faramineux de ces bonus, par ce mercato international où les traders se vendent au plus offrant. Il y a une tentation de se sentir plus fort que les marchés, Jérôme Kerviel y a succombé. Si Jérôme Kerviel est victime de quelqu'un, ce ne peut être que de lui-même. »
Parole à la défense jeudi 28 juin.