Télés privées en Algérie: « Si tu parles tu meurs… »

Pour les prochaines législatives, le gouvernement a déjà mis en place les conditions d’un contrôle sans faille du déroulement et du résultat du processus: une loi restrictive des conditions de participation, une instance de supervision sélectionnée, une observation internationale limitée aux représentants d’organisations régionales connues pour leur souci de la démocratie (UA, Ligue arabe…)… Il ne restait donc plus qu’à s’assurer la conformité éditoriale des chaînes « élues », parmi la dizaine de télés « privées », pour couvrir l’évènement.

En deux directives, très directives, le ministre de la communication vient de leur tracer le cadre rigide cette couverture médiatique. L’instruction ministérielle commence par leur rappeler leur fonction de propagande et par leur ordonner de boycotter les partisans du boycott des élections : « les médias sont tenus de veiller à la sensibilisation des électeurs sur l’exercice de leurs droits de vote et ne doivent en aucun cas œuvrer à décrédibiliser les élections ou donner la parole à des parties qui appellent au boycott ».

Le ministre n’omet pas ensuite de prescrire que, dans le cadre de cette attitude éditoriale «équitable, impartiale et objective », les partis et candidats « doivent bénéficier d’une couverture proportionnelle à leur importance tant sur le plan politique que durant la campagne ». Le principe est  de servir d’abord les forces déjà au pouvoir.

Et pour que les rédactions de télévisions aient tout le loisir d’assumer leur fonction de censure et d’autocensure, le ministre leur suggère de bannir le direct : « tout diffusion en direct des débats et déclarations politiques, susceptible de porter atteinte à la sécurité publique et à l’Etat et/ou pouvant donner lieu à des dérapages contraires ».

Mais dans notre système, quand on préconise, on s’attend à être obéi. Pour ceux qui n’ont pas compris, il est précisé que « cette prochaine échéance électorale comme un test grandeur nature qui mettra à l’épreuve leur capacité à se montrer à la hauteur de la liberté d’expression que leur garantit la démocratie ».

A propos de démocratie, l’activité télévisuelle en Algérie est supposée soumise à la rigueur d’une loi sur l’information et d’une autre sur l’audiovisuel et contrôlée par une instance de régulation. Mais les intérêts des clans sont trop pressants pour compter sur une justice ou sur des instances d’arbitrage.      

M.H