PfizerGate : retour sur le scandale qui secoue le laboratoire Pfizer
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Brook Jackson, l'ancienne directrice régionale de « Ventavia », groupe texan spécialisé dans la tenue d’essais cliniques, a jetté un pavé dans la marre et affirme que des données ont été faussées lors de l’essai vaccinal de Pfizer.
Le vaccin Pfizer au cœur d’une polémique
Une enquête publiée dans la revue médicale britannique British Medical Journal (BMJ), le 2 novembre 2021, met en évidence de forts soupçons de falsification de données, d’inconformité de certaines procédures et d’un manque de sécurité sur l'un des sites choisis par le laboratoire Pfizer pour mener ses essais cliniques contre la COVID-19.
Brook Jackson, l'ancienne directrice régionale d'un centre de la société pharmaceutique Ventavia, aux Etats-Unis, dénonce plusieurs anomalies lors du processus de développement des vaccins anticovid Pfizer. En effet, selon elle, "le personnel qui a effectué les contrôles de qualité a été dépassé par le volume de problèmes qu'il a découvert ". Elle ajoute qu’il y aurait eu une mauvaise gestion du laboratoire, des vaccinateurs mal formés, un manque de respect de la méthode scientifique (processus en double aveugle qui ne serait pas respecté), des produits stockés à mauvaise température et une surveillance trop courte des effets secondaires dans l’essai clinique de phase III de Pfizer.
A noter qu’après avoir alerté la Food and Drug Administration (FDA), Brook Jackson a ensuite été licenciée par Ventavia.
Contactée, la FDA s’est abstenue de commenter cette enquête, mais a assuré de « sa pleine confiance dans les données qui ont conduit à soutenir l’autorisation du vaccin Pfizer/BioNTech ». Selon une autre source citée par le BMJ, Pfizer a ordonné un audit de Ventavia pour connaitre les dessous de cette polémique. Pour sa part, Ventavia n’a émis aucun communiqué.
Raz de marée sur les réseaux sociaux et réactions politiques en chaine
La polémique lancée par le BMJ a mis le monde des réseaux sociaux en effervescence. Avec plus 120 000 réactions au matin du 4 novembre 2021, le hashtag #pfizergate s’est retrouvé rapidement en top tweet suscitant désarroi, colère et inquiétude auprès de la majorité des intervenants. Cela a même fait monté au créneau les mouvements antivax, dont Florent Filipot, député d’extrême droite, qui a appelé à la « suspension immédiate et partout en France » du vaccin. De son côté, le candidat à la présidentielle, Nicolas Dupont-Aignan a évoqué « une déflagration mondiale », mettant en cause les autorités sanitaires américaines qu’il soupçonne d’avoir permis la production des vaccins Pfizer sur la base d’études truquées, et demande une enquête approfondie.
Que représente l'échantillon de données concerné ?
Les entreprises pharmaceutiques fondent leurs données sur des échantillons de dizaines de milliers de personnes. L'essai clinique de phase 3 de Pfizer repose sur 44 000 participants, répartis sur 152 sites dans le monde (130 sites aux États-Unis, 2 sites au Brésil, 4 sites en Afrique du Sud, 6 sites en Allemagne, 9 sites en Turquie, un site en Argentine). Le contrat avec Ventavia comprend 3 sites et 1 000 participants, soit 2,28 % des participants à l'essai clinique. Pour l’instant, que les allégations de l'enquête soient vérifiées ou non, elles ne remettent pas en cause les conclusions de l'étude initiale de Pfizer. Si les allégations de l'enquête nécessitent une étude plus approfondie de la part des autorités sanitaires américaines, elles n'impliquent pas un scandale des vaccins comme le laisse entendre le terme " PfizerGate ". C'est la société Ventavia qui est incriminée.
Processus de développement d’un vaccin
Pour s'assurer de l'efficacité et de l'innocuité d'un vaccin, un protocole rigoureux doit être suivi. Avant les essais cliniques sur homme, les laboratoires pharmaceutiques s’attèlent d’abord à diagnostiquer la maladie, comprendre l’agent infectieux et à réaliser des essais précliniques sur les animaux. La polémique sur vaccin Pfizer concerne les études cliniques chez l’humain. Cette étape, divisée en trois phases, est réglementée et soumise à l'autorisation des autorités sanitaires (Agence européenne du médicament (EMA) pour l'Europe et Agence nationale du médicament (ANSM) pour la France) et à l'avis favorable d'un Comité de Protection de Personnes (CPP). Aucune homologation du vaccin, encore moins de sa commercialisation, n’est autorisée si les résultats des essais cliniques sur l’homme sont non concluants.
L'essai clinique de phase 3 du vaccin de Pfizer a débuté le 27 juillet 2020 et les résultats ont été publiés en décembre dans le New England Journal of Medicine. Pfizer était responsable de la conception et de la conduite de l'essai, de la collecte des données, de l'analyse des données, de l'interprétation des données et de la rédaction du manuscrit final. BioNTech était le sponsor de l'essai.