ces affaires constituent une sorte de crime capital, a estimé le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan... (DR)

Turquie: les meurtres d’enfants mobilisent les partisans de la peine capitale

Gizem, 6 ans, a été poignardée et incendiée. Son meurtrier présumé, âgé de 20 ans, a avoué aux enquêteurs avoir fait monter sa victime dans sa voiture en lui promettant un pique-nique. Son corps a été retrouvé mardi dans la province d'Adana (sud) deux jours après sa disparition.

« J'ai fermé les yeux et je l'ai poignardée. Elle est tombée. Je l'ai arrosée d'essence et j'ai mis le feu avec une allumette. Elle a commencé à crier », a expliqué le jeune homme.

Quelques jours plus tôt, on avait retrouvé un garçon de 9 ans, violé et étranglé dans la province de Kars (est). Et celui d'un autre enfant âgé de 4 ans, découvert dans une grange de la province d'Aydin (ouest), lui aussi sauvagement assassiné.

Cette série macabre qui a indigné la Turquie a suscité une remobilisation des partisans de la peine de mort, supprimée définitivement de la Constitution en 2004 dans le cadre des discussions d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne (UE).

« Aujourd'hui, la peine capitale est appliquée dans de nombreux pays occidentaux. Elle existe aux Etats-Unis et même dans des pays européens pour certains crimes », a plaidé le vice-président Parti de la Félicité (islamiste), Yusuf Yigitalp M. Yigitalp dans les colonnes du quotidien conservateur Milli Gazete.

« Ces affaires constituent une sorte de crime capital, a estimé de son côté le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan vendredi 3 mai devant les journalistes. « Même s'il ne sera pas possible de réinstaurer la peine de mort, j'ai demandé à ce qu'on institue des peines aggravées », a-t-il poursuivi.

Quelque 633 enfants ont été tués en Turquie en 2013, contre 609 l'année précédente, selon l’association "Gündem Cocuk" ("Les enfants au programme").

Les spécialistes considèrent surtout que les abus sexuels au sein même des familles restent la principale menace pour les enfants.

« Les abus sexuels contre les enfants restent tabous en Turquie parce qu'ils gênent", déplore la psychologue pour enfants Aylin Ilden. « Dans ces cas-là, les enfants sont souvent sans défense car menacés par ceux en qui ils ont le plus confiance, les hommes de leur famille ».