L'OP-Israël, lancé par le collectif Anonymous, a rendu inaccessibles plus de 100 000 sites israéliens. (Anonymous)

Anonymous, OP-Israël, cyber-attaques : l'ordinateur comme un champ de bataille

Depuis près d'une semaine, les Anonymous ont lancé un assaut d'envergure contre des sites informatiques israéliens. Les hackers revendiquent un succès, tandis qu'Israël minimise la portée de la cyber-attaque.

Le collectif Anonymous regroupe plusieurs milliers d'hacktivistes (hackers, ou pirates informatiques militants) à travers le monde, et mène des opérations ponctuelles contre des états ou des sociétés. Leurs cibles peuvent être très variés, les actions menées ont le plus souvent une portée internationale, et les hacktivistes y participant sont généralement originaires de différents pays.

Après une première salve de piratages, en novembre 2012, suite à l'assaut israélien sur Gaza, les Anonymous s'en sont pris de nouveau à l'état d'Israël ces derniers jours. Le but étant de soutenir la cause palestinienne en affaiblissant les structures informatiques de la société israélienne. L'opération menée depuis le 6 avril est sans commune mesure avec celle de novembre.

 

« Effacer Israël »

 

Il y a six mois, les Anonymous revendiquaient plus de 700 sites israéliens attaqués. L'objectif annoncé cette fois était d' « effacer Israël » de la Toile. Parmi les principales cibles, des ministères et des services bancaires semblent avoir été les plus atteints. En tout, plus de 100 000 sites israéliens ont été rendus inaccessibles pendant quelques minutes ou plusieurs heures, selon les cas.

Le hackage de la Banque d'Israël a été l'un des plus spectaculaires, Anonymous revendiquant plus de 30 000 comptes piratés, et la publication de plus de 200 000 numéros de cartes bancaires.

Baptisé OP-Israël, pour Opération Israël (voir la vidéo au bas de l'article), ce piratage massif a bel et bien déstabilisé les autorités israéliennes, même si celles-ci ont été promptes à réagir, non seulement pour contrer les attaques, mais aussi pour les relativiser.

Lundi, le Shin Beith (le service de sécurité intérieure israélien), ainsi que des agences de sécurité internet, indiquaient avoir «  réussi à localiser et à prévenir des attaques contre de nombreux sites Internet et fournisseurs d'accès Internet destinés à la population civile. »

Ces services mentionnaient toutefois des incidents de « faible gravité » sur divers sites officiels. Des experts israéliens précisaient en outre que les organismes de sécurité étaient mieux préparés à résister au piratage que lors de l'assaut de novembre 2012, ce qui aurait permis de limiter l'ampleur et la durée des attaques. Toutefois, le préjudice économique subi serait considérable.

 

Appel à l'aide et contre-attaques

 

Les autorités ont également dû faire appel aux Etats-Unis et à la France pour les aider à contenir la vague. Si les dégâts sur les sites officiels (hormis la Banque d'Israël) ont pu être relativement maîtrisés, les hackers sont parvenus à pirater plusieurs dizaines de milliers de page Facebook ou Twitter, et ont diffusé le numéro de téléphone privé de la femme du Premier ministre, Benjamin Netanyahou.

En réaction à cet assaut, un groupe israélien, baptisé Elite, s'est formé pour mener les représailles. Les hackers israéliens ont ainsi attaqué plusieurs sites en Iran, en Syrie, au Pakistan, en Afghanistan ou au Maghreb.

Parallèlement, la presse israélienne rapporte qu'un hacker israélien, se faisant appeler EhlrS, a réussi à pirater le site officiel d'OP-Israël, en y diffusant, pendant quelques temps, le drapeau israélien, une vidéo et un manifeste en faveur d'Israël.

Plus que jamais, le champ de bataille informatique, très difficile à contrôler pour les autorités, semble devenir un amplificateur de conflits, et même un territoire de guerre à part entière.