Résidents du Refuge, ils écrivent contre l'homophobie : le témoignage d'Angelo !
Par nicolas éthèvePublié le
Médiaterranée, le Refuge et MonRubanBleu® s'associent pour donner la parole chaque dimanche, à un jeune suivi par le Refuge. Au travers de leurs écrits, ils racontent leur histoire et leurs difficultés face à l'intolérance homophobe pour qu'elle disparaisse de ce monde. Aujourd'hui, nous vous livrons le témoignage d'Angelo.
Deux mois après la mort de Peter, ce jeune homosexuel que ses parents homophobes voulaient exorciser pour qu'il « change de bord », Le Refuge, MonRubanBleu® et Médiaterranée ont décidé de s'associer pour donner chaque dimanche de ces prochaines semaines, la parole à un résident du Refuge. Pour qu'ils puissent, chacun à leur tour, vous raconter leur histoire et leurs difficultés face à l'intolérance homophobe. Parce que l'écriture libère et transforme les êtres et le monde.
Après le précédent témoignage de Romain, nous vous livrons, ce dimanche 12 octobre, celui d'Angelo qui, aujourd'hui âgé de 21 ans, a été tabassé par sa sœur avant d'intégrer le Refuge.
Le témoignage d'Angelo
"Je m'appelle Angelo, j'ai 21 ans, je vivais dans une famille assez déchirée à la base, entre mon père qui est parti quand j'avais 4 ans et ma mère qui buvait, beaucoup entre 1 à 2 bouteilles de mousseux, mais bon, c'est ma famille. En septembre 2009, j'étais en BEP électrotechnique où j'avais des amis avec qui je parlais bien. Un jour, je me trouvais avec une amie et son copain, ce dernier était en crise parce qu'il pensait que je draguais sa copine, mais un ami à moi lui a dit que j'étais gay, il s'est vite empressé d'aller le dire à tout le monde, et, pendant 2 mois, j'ai reçu des insultes de la part de tous les élèves de ma classe, ainsi que des professeurs.
Au mois de novembre 2009, j'ai quitté le lycée parce que je ne pouvais plus supporter les insultes. Le jour de mes 18 ans, ma mère m'a demandé de partir de la maison, en me disant "tu es gay, tu dégages, je ne veux plus de toi" et au moment où j'ai voulu parler avec elle, ma sœur a débarqué, elle a commencé à me tabasser, je me suis retrouvé en sang, avec mes affaires sur le palier, j'ai eu juste le temps de prendre mon ordinateur. J'ai appelé des "amis" pour leur demander de m'aider, ils m'ont tous répondu qu'ils ne pouvaient pas. J'ai donc fait appel au 115 pour être hébergé.
En l'espace de deux mois, le ciel me tombait sur la tête, j'étais au plus bas, trois viols subis, 3 agressions (à caractères homophobes et autres), et plusieurs accidents de voiture. En 2010, un ami à moi m'a parlé du Refuge. J'ai appelé l'association, et, peu de temps après, je partais sur Paris, pour y être hébergé dans un hôtel social, c'est à ce moment-là que j'ai fait la connaissance de toute l'équipe du Refuge de Paris, et ou j'ai commencé à remonter la pente.
Pendant deux mois, je suis allé à l'EPIDE, c'est un établissement qui offre une seconde chance, un nouveau départ, avec un projet pédagogique qui vise à restaurer la confiance et l'estime de soi, ainsi que l'acquisition de l'autonomie et les codes et savoirs de base nécessaires pour devenir employable, j'y suis resté 2 mois, je ne rentrais au Refuge que les week-ends. Peu de temps après, j'ai eu des envies d'ailleurs, j'ai donc décidé de quitter le Refuge de Paris, pour faire un grand tour de France.
En deux ans, j'ai visité presque trente villes, que je ne citerai pas toutes, car ça serait trop long. En 2012, je suis arrivé à Clermont-Ferrand où j'ai été logé dans des foyers d'urgence. J'ai retrouvé mon ex, nous avons pris un appartement, pour très peu de temps, puisque notre relation s'est terminée à Noël.
En avril 2013, j'ai rencontré quelqu'un, avec qui je suis toujours à l'heure actuelle, nous vivons ensemble. Aujourd'hui, je suis en formation ASH (agent de service hospitalier) et ça me plaît énormément. Je suis administrateur de l'Amicale des Jeunes du Refuge, créée en 2013, par d'anciens jeunes hébergés par l'association. L'AJR est une association qui a pour vocation de maintenir un lien avec les anciens jeunes hébergés par Le Refuge, pour qu'ils ne se retrouvent pas seuls du jour au lendemain, pour continuer à leur offrir écoute et soutien, mais aussi pour expliquer aux jeunes sur liste d'attente, qui vont intégrer Le Refuge, comment se passe la vie de tous les jours au sein d'une délégation, quelles sont les règles à respecter, afin de leur donner toutes les chances de réussir, pour pouvoir démarrer une nouvelle vie.
Je tiens à remercier, Nicolas Noguier, Frédéric Gal, qui comptent beaucoup pour moi, l'équipe de la délégation de Paris, les bénévoles du Refuge, ainsi que L'équipe du Ruban Bleu, pour leur formidable travail.
Merci à vous''