Israël: des juives ultra-orthodoxes brisent les tabous et se présentent aux élections
Par N.TPublié le
Coup de tonnerre dans la communauté juive ultra-orthodoxe… Ruth et Noa, 33 et 31 ans, se sont présentées aux élections législatives qui ont lieu ce mardi 17 mars. Les deux mères de famille sont en tête de la liste B'Zchutan ("Par elles-mêmes"), dont la majorité des candidats sont... des candidates. Elle s’attirent les foudres de leurs coreligionnaires, rapporte l’AFP.
En campagne à Beit Chemech, ville peuplée à 55% de juifs ultra-religieux à une trentaine de kilomètres de Jérusalem, elles se font copieusement insultées lors d’une distribution de tracts.
L’AFP rapporte les politesses qui leur sont balancées : « Salopes! », lance une voix en yiddish, avant qu'un ballon d'eau n'explose à quelques mètres d'elles. « Vous ne nous représentez pas! Ne venez pas créer des problèmes ici", crie une femme qu'elles essaient d'approcher. « Mon rabbin me dira pour qui voter », lance-t-elle.
« Une femme doit être dans sa maison, pas à traîner dans les rues », crie un homme dont la voiture croise un bus bondé, les hommes à l'avant, les femmes à l'arrière.
« Si elles parlent, elles deviennent des parias… »
Les deux candidates ne désarment pas pour autant. Elles ont des objectifs précis : « Beaucoup, beaucoup de femmes sont victimes de violences domestiques. Mais elles se taisent parce que, si elles parlent, elles deviennent des parias », explique Noa Erez, citée par l’AFP. « Nous voulons soutenir ces femmes qui ont peur et leur dire: nous sommes là pour vous ».
Ruth et Noa disent aussi vouloir sensibiliser à la prévention du cancer du sein, les femmes de cette communauté étant deux fois plus touchées que le reste de la population. « Parler de cancer du sein ou des ovaires, ça contrevient aux règles de la pudeur. Vous ne trouverez jamais ces mots dans un journal haredi (la communauté ultra-orthodoxe, ndlr) », explique-t-elle.
L’action de ses femmes courages se déploie malheureusement dans l’indifférence des électeurs. Selon Tamar El Or, professeur d'anthropologie à l'Université hébraïque de Jérusalem, leur liste n’obtiendra pas plus d’une centaine de voix.