Marseille : Jean-Claude Gaudin demande l'aide du gouvernement. Mais pour faire quoi ?
Par jcsPublié le
Depuis quelques jours, Marseille est retombée dans un cycle de violence, marqué notamment par plusieurs règlements de compte. Dans une interview accordée ce matin au Figaro, Jean-Claude Gaudin, le maire de Marseille en appelle à l'aide de l'état.
Plus que jamais, Marseille est un enjeu. Un enjeu politique, un enjeu social, un enjeu électoral. Il ne se passe plus un jour sans que l'on parle de la ville. Soit parce que l'actualité l'exige, soit parce que les responsables politiques la mettent au cœur de leur discours et de leur préoccupation.
En 2012, déjà, Marseille, où un règlement de compte sanglant a eu lieu toutes les deux semaines, était au cœur des débats. Avec l'arrivée du nouveau gouvernement, un défilé de ministres qui venaient prendre le métro, s'était même organisé.
Le cas Marseille
Au-delà des clichés et des visites un peu creuses, le gouvernement semblait déterminé à régler le cas Marseille. Un comité inter-ministériel était réuni en septembre, mais rapidement, il apparaissait que l'évolution de la situation risquait de se faire attendre.
L'annonce de la création d'une métropole a d'abord abouti sur un grand cafouillage et sur l'hostilité quasi générale des communes qui seraient concernées par ce projet.
Ensuite, des mesures plus concrètes étaient engagées : l'envoi de renforts de force de l'ordre, l'annonce de création de zone de sécurité prioritaire (ZSP), et la mise en place dans ces ZSP d'un plan en deux phases, sécuritaire d'abord, sociale ensuite.
Question de moyens
La multiplication des règlements de compte ces derniers jours ne prouve pas nécessairement l'échec de cette politique. Elle montre tout au moins que les moyens engagés sont encore loin d'être suffisants. Et pas seulement les moyens dédiés au maintien de l'ordre.
Dans son entretien accordé ce matin au Figaro, Jean-Claude Gaudin pointe pourtant principalement les dépenses liées à l'aspect sécuritaire. Ainsi, le centre de video-protection, inauguré récemment, est d'un un coût global de 10 millions d'euros. « L'Etat y participe en nous donnant 3,7 millions, et le Conseil Général 400 000 euros. Le reste est pour nous », indique le maire.
A propos de cette video-surveillance, Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur, reproche à la municipalité de ne pas l'avoir déjà installée dans les cités sensibles. Jean-Claude Gaudin lui répond que cela est prévu, bien qu'il soit lui-même sceptique sur l'efficacité de la mesure : « Les cités [seront équipées de caméras] mais j'ai des doutes sur leur utilité, car elles ne vont pas durer très longtemps... »
En centre-ville, le maillage de caméras est déjà très développé. Des dégradations sont parfois observées, mais généralement, elles fonctionnent, à Noailles, à la Plaine, au cours Julien et ailleurs.
Ont-elles pour autant une utilité ? Si elles permettent parfois d'identifier, après coup, les auteurs d'une agression, elles n'ont manifestement aucun effet préventif. Elles n'empêchent pas les agresseurs de passer à l'acte, et n'ont pu éviter, en octobre, qu'un règlement de compte se produise en plein centre, à deux pas d'une station de tramway, pourtant filmée en permanence.
Emploi et précarité, les vrais enjeux
Se focaliser sur le volet sécuritaire ne doit pas être la seule option. Le maire, déjà peut-être un peu en campagne, évoque par ailleurs, brièvement, d'autres enjeux. Le chômage, qu'il se vante d'avoir réduit à 13% (mais les dernières données INSEE disponibles indiquent qu'en 2009, 17,3% de la population marseillaise était au chômage), ou le développement d'Euroméditerranée, en oubliant de préciser que ce développement se fait au détriment des populations les plus fragiles.
Ces thèmes essentiels apparaissent cependant secondaires dans les propos de M. Gaudin, tout comme dans les récentes déclarations de M. Valls. Les causes de la violence sont pourtant en priorité liées à ces questions d'emploi et de précarité.
Enfin, dans cette interview, M. Gaudin s'indigne de l'écart entre les 30 milliards d'euros attribués au Grand Paris, et les 51 millions qui seraient alloués à Marseille. Evidemment, une répartition un peu plus équilibrée serait souhaitable...
Cette logique centraliste, habituelle dans la politique française, révèle bien le cœur du débat : que l'état aide Marseille, d'accord. Mais à quelle hauteur, à quelles conditions, et surtout, pour faire quoi ?