Lola, 22 ans : « Un jour, n'en pouvant plus, j'ai cherché de l'aide sur le net et j'ai trouvé Le Refuge .»

Résidents du Refuge, ils écrivent contre l'homophobie : le témoignage de Lola !

Médiaterranée, le Refuge et MonRubanBleu® s'associent pour donner la parole chaque dimanche, à un jeune suivi par Le Refuge. Au travers de leurs écrits, ils racontent leur histoire et leurs difficultés face à l'intolérance homophobe pour qu'elle disparaisse de ce monde. Aujourd'hui, nous vous livrons le témoignage de Lola.

Deux mois après la mort de Peter, ce jeune homosexuel que ses parents homophobes voulaient exorciser pour qu'il « change de bord »Le RefugeMonRubanBleu® et Médiaterranée ont décidé de s'associer pour donner chaque dimanche de ces prochaines semaines, la parole à un résident du Refuge. Pour qu'ils puissent, chacun à leur tour, vous raconter leur histoire et leurs difficultés face à l'intolérance homophobe. Parce que l'écriture libère et transforme les êtres et le monde.

Après le précédent témoignage de Thomas, nous vous livrons, ce dimanche 23 novembre, celui de Lola qui, hébergée depuis 8 mois par Le Refuge, se sent aujourd'hui beaucoup, beaucoup mieux !

Le témoignage de Lola

« Élevée par ma grand-mère depuis l'âge de 3 ans, je n'ai vu que très peu ma mère durant mon enfance. Je passais quelques week-ends chez elle, mais ça se passait très mal et je n'avais pas beaucoup de contacts, non plus, avec mon père.
 

Alors que j'étais en 5eme, je suis tombée amoureuse de ma prof' de musique. Je me suis alors demandé si c'était normal, pas d'aimer quelqu'un de plus vieux, mais d'aimer une femme. Les garçons ? C'était bien en ami, mais je sentais bien que ça n'irait jamais plus loin... J'ai caché à tout le monde mon attirance pour les filles, car j'avais très peur du jugement des autres. Ma professeur allait quitter le collège l'année d'après, j'ai donc décidé de lui écrire une lettre afin de lui dévoiler mes sentiments, lettre à laquelle je n'ai jamais eu de réponse.
 

Je n'ai jamais eu d'histoire d'amour pendant que j'étais au collège, ce fut une période difficile pour moi : les élèves se moquaient de mon physique, ainsi que du passé de ma mère, je ne risquais donc certainement pas d'en rajouter en montrant que j'aimais les filles...
 

Après le collège, je suis allé en MFR (Maisons Familiales Rurales), j'y étais interne et faisais des études afin d'obtenir mon BEP d'aide à la personne. Au début tout se passait bien, j'étais en chambre avec une fille que j'aimais beaucoup et qui s'appelait Alice.Le week-end, j'allais chez ma mère, mais comme d'habitude, ça se passait mal, alors je restais la plupart du temps au téléphone avec Alice.
 

Petit à petit, je sentais que j'avais de plus en plus de sentiments pour elle, alors j'ai décidé de lui avouer, mais elle l'a très mal pris. Elle a commencé par changer de chambre, puis à faire comme si elle ne me connaissait pas , ensuite elle en a parlé à sa bande de copains. Ils ont commencé alors à s'en prendre à moi : ils m'ont volé mon téléphone, retourné ma chambre, insultée, bref, c'était très dur à supporter et j'en ai beaucoup souffert.
 

A la fin de l'année, j'ai décidé de tout arrêter : trop de choses à gérer, donc retour chez ma mère. J'ai retrouvé rapidement un travail en tant que plongeuse dans un restaurant, mais je devais donner une pension à ma mère sur mon petit mi-temps, il ne me restait donc pas grand-chose... À l'époque, mon père louait un studio et n'ayant pas de locataire à un moment, il accepta de me le prêter le temps que je me trouve un appartement. Après mon travail au restaurant, j'ai ensuite trouvé un emploi à temps plein comme femme de chambre dans un hôtel.
 

Un jour, je me suis dit que mon père avait des doutes sur ma sexualité, car il me reprochait souvent de faire venir du monde à la maison et il avait bien remarqué que ce n'était que des filles... J'ai donc décidé de tout lui avouer. Il n'a rien dit, m'a juste regardée en souriant, puis m'a très vite mis la pression pour que je quitte son studio. J'ai donc trouvé un appartement. Enfin, j'étais chez moi.
 

À partir de ce jour, mon père ne m'a plus donné signe de vie. Ma mère, elle, a très bien réagi quand je lui ai annoncé que j'étais lesbienne, mais depuis que j'avais mon appartement et mon boulot, elle passait chez moi tous les jours et me réclamait de l'argent. C'était l'enfer, si je disais non, elle devenait violente dans ses paroles et ses gestes.
 

Au début, je n'ai pas cédé, mais ça devenait de plus en plus difficile à supporter, je voulais à tout prix qu'elle me laisse tranquille, alors j'ai fini par lui donner ce qu'elle voulait. Puis un jour, n'en pouvant plus, j'ai cherché de l'aide sur le net et j'ai trouvé Le Refuge. J'ai appelé la ligne d'urgence, mais quand la personne a décroché, j'ai pris peur et j'ai raccroché. Véronique m'a rappelé et me sentant mal à l'aise, m'a proposé de continuer notre conversation par messages. Elle a su de suite me rassurer, me donner des conseils vis-à-vis de ma situation et m'a proposé de passer un week-end au Refuge de Montpellier.
 

J'appréhendais énormément, mais tout s'est super bien passé. Arrivé le dimanche, par contre, je ne voulais plus repartir chez moi, je voulais rester au Refuge. J'en suis repartie, mais j'ai gardé contact avec l'équipe et certains jeunes, ce qui m'a énormément aidé à tenir : physiquement, j'étais chez moi, mais ma tête était avec eux.
 

Quelques mois plus tard, j'y suis retourné pour une semaine et là, on m'a annoncé qu'une place était disponible pour moi. J'étais heureuse, je suis alors partie chercher mes affaires et je me suis installée au Refuge. Aujourd'hui, cela fait 8 mois que j'y suis et je me sens beaucoup mieux. Je me suis ouverte aux autres, je suis plus sociable et j'ai un peu plus confiance en moi.
 

Je passe actuellement mon BAFA, mon CAP petite enfance en juin et le refuge m'a aussi permis de trouver l'amour. Mes projets aujourd'hui ? Réussir mon examen, trouver du travail, avoir un appartement avec ma chérie et plus tard plein d'enfants qui courent partout ! Un grand merci à toute l'équipe du Refuge sans qui je ne serais certainement plus là aujourd'hui. »
 

La ligne d'écoute d'urgence du Refuge est ouverte 24h/24h et 7j/7j au 06 31 59 69 50 !
 

A lire !

- Après le brûlot de Rue89 contre Le Refuge, l'indignation des réactions !