Turquie: Erdogan fait le ménage jusque dans ses troupes
Par N.TPublié le
En Turquie, Erdogan, obsédé par la volonté de transformer le régime en hyperprésidence, nomme un premier ministre des plus dociles. La répression contre son opposition ne faiblit pas.
Erdogan s’achemine obstinément vers un statut de chef suprême. Dernier épisode de cette manœuvre : la désignation d’un de ses fidèles à la tête de l’AKP (parti présidentiel, islamo-conservateur). L’ex-ministre des transports, Binali Yildirim, qui en a pris les rênes le dimanche 22 mai, a été du même coup chargé de former un nouveau gouvernement.
Erdogan s’est ainsi débarrassé sans surprise de l’ancien chef du gouvernement, Ahmet Davutoglu, qui commençait à donner des signes «d’autonomie». Ce dernier s’était avancé seul sur le dossier des réfugiés et s’était surtout permis de discuter le placement en détention provisoire de journalistes durant leur procès.
Le nouveau premier ministre a aussitôt confirmé son allégeance pleine et entière à la démarche du «Sultan», plaidant pour une refonte de la Constitution consacrant l’hyperprésidentialisation. Les rares contestateurs de son camp qui ne voient pas d’un très bon œil l’émergence de ce modèle se contentent de murmurer leur désapprobation. Mais Erdogan n’a sûrement rien à craindre de ce côté-là.
C’est en revanche dans la société civile et dans l’opposition parlementaire qu’il peut rencontrer des entraves. Il travaille dès lors à faire place nette. La «lutte antiterroriste» est l’argument tout trouvé pour réprimer à tour de bras, tout autant que l’atteinte à la fonction présidentielle.
Des centaines d’intellectuels et de journalistes sont ainsi en attente de procès. Le Parlement a par ailleurs levé, le vendredi 20 mai, l’immunité d’une dizaine de députés du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde) accusés de soutenir le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan).