Le paradoxe européen
Par musthammouchePublié le
Le traité de Rome a soixante ans. Cet anniversaire survient à la veille de l’ouverture des négociations sur les modalités de sortie du Royaume Uni votée par les britanniques le 24 juin 2016 et qui met fin à quarante ans d’appartenance à l’Europe.
Même si la construction européenne a franchi des étapes historiques, le Brexit n’est pas le premier écueil qu’elle rencontre. N’ayant pu passer l’étape de la ratification par référendum en France et en Hollande, le projet de constitution européenne a échoué et dû être remplacé par le traité « modificateur » de Lisbonne. L’élargissement progressif de l’Union aux pays de l’ex-bloc soviétique ne s’est pas déroulé sans une succession de crises, notamment induites par l’impact supposé du principe de libre circulation de la main-d’œuvre sur l’emploi et les salaires en Europe de l’Ouest.
Si le soixantième anniversaire de la naissance de l’Union Européenne coïncide avec le Brexit, probable expression de limites européennes imposé à la Grande Bretagne par son atlantisme politique, il coïncide aussi avec l’émergence, à l’Ouest, de l’idée d’une Europe à plusieurs vitesses. Devant la difficulté économique et politique, pour certains nouveaux arrivants, à suivre le rythme d’évolution institutionnel de l’Europe, les pays leaders semblent prêts à consentir à renoncer à un des principes qui a fondé le projet: la solidarité dans le processus de mise à niveau économique des pays membres. Un principe qui a avantageusement fonctionné, notamment dans la phase d’intégration des pays du Sud de l’Europe de l’Ouest.
La question des disparités de niveaux économiques et sociaux a contribué à l’éclosion d’un néoprotectionnisme, anti-européen et, forcément, antimondialiste et au réveil des nationalismes dans les pays les plus riches. La récession de 2008, suivie d’une panne de croissance, a renforcé ce réflexe de repli que traduit la prospérité politique des droites extrêmes. Les mouvements de migration par les situations de pauvreté, d’insécurité et d’instabilité que connaissent plusieurs pays du sud et de l’est méditerranéens exacerbent ce chauvinisme triomphant en Europe.
Malgré les menaces qui pèsent sur elle, l’Europe aura tout de même atteint l’essentiel de sa finalité: promouvoir un développement soutenu et homogène par l’intégration d’un ensemble international économique et assurer la paix pour le continent par son intégration politique.
M H.