l'émissaire se rendra samedi à Moscou pour des pourparlers avec les autorités russes... (Sana)

Syrie: Lakhdar Brahimi plaide en faveur d'un gouvernement de transition et d'une force internationale

Le Représentant spécial des Nations Unies et de la Ligue des États arabes en Syrie, Lakhdar Brahimi, a déclaré jeudi 27 décembre, lors d'une conférence de presse à Damas, qu'un gouvernement de transition syrien doté des pleins pouvoirs exécutifs devait être créé en attendant l'organisation d'élections.

"Les 'pleins pouvoirs exécutifs' est un énoncé bien compris et simple: cela signifie que tous les pouvoirs gouvernementaux devraient être assumés par ce gouvernement. Celui-ci entrerait en fonctions pendant la période de transition, qui prendrait fin avec les élections. Ces élections seront présidentielles s'il est convenu que la république reste présidentielle, comme c'est actuellement le cas; ou bien elles seront législatives, si le système actuel devait être remplacé par un régime parlementaire", a-t-il expliqué.

M. Brahimi a également évoqué le concept d'une force internationale de maintien de la paix déployée en Syrie afin de veiller au respect de l'accord qu'il appelle de ses vœux.

« Le changement requis ne peut pas être cosmétique », a-t-il jugé à l'issue d'un déplacement de cinq jours en Syrie, après un entretien avec Bachar Al-Assad.

« La solution, c'est de rapprocher les points de vue des Syriens », a-t-il expliqué. « S'ils s'avèrent incapables d'y arriver par eux-mêmes, alors la communauté internationale, les pays voisins et toutes les parties concernées doivent leur prêter assistance à cette fin », a-t-il poursuivi.

L'émissaire se rendra samedi à Moscou pour des pourparlers avec les autorités russes. De nouvelles entrevues avec des responsables gouvernementaux des États-Unis et de la Fédération de Russie sont également prévues.

« Ces deux pays ont une influence et une responsabilité au niveau mondial, ce qui leur permet d'aider à trouver les solutions dont nous avons besoin en Syrie », a ajouté le représentant spécial.

Selon lui, les chiffres ne permettent plus de rendre compte du drame qui se joue à l'heure actuelle dans le pays. « La vérité, c'est que lorsque quelqu'un mentionne des chiffres, ils semblent froids », a-t-il dit. «Quand on dit qu'il y a quatre millions de déplacés internes, qu'est-ce que ça veut dire exactement ?», a lancé M. Brahimi.

Il a toutefois prévenu que le nombre de réfugiés dans les pays voisins dépasserait le million d'ici le milieu de l'année prochaine, alors qu'ils sont actuellement 500.000. « Le peuple syrien souffre de manière incommensurable », a-t-il insisté.

Pour M. Brahimi, la violence doit cesser et pour cela, une observation rigoureuse du cessez-le-feu par une mission de maintien de la paix s'impose.

« Cette idée a été mal interprétée », a-t-il rappelé, certains ayant dit que Brahimi proposait de faire venir des forces étrangères en Syrie. Non, ce ne sont pas des forces étrangères, elles viendraient seulement avec l'accord des parties sur le principe d'une force de maintien de la paix ».

Il s'agissait de la troisième visite de l'émissaire le pays, depuis sa prise de fonction en août dernier. À cette occasion, il a pu présenter ses propositions non seulement à Bachar Al-Assad, mais aussi aux groupes d'opposition se trouvant à l'intérieur et à l'extérieur du pays.