Fin janvier, le programme de Costa Croisières a été réactualisé. (DR)

Costa Croisières après le naufrage du Concordia : la stratégie du rebond…

Ironique coup du sort. Début Janvier, le leader de la croisière, Costa France surfait sur la vague et annonçait des chiffres historiques lors d’un point presse. Un vendredi 13 plus tard, le naufrage du Concordia figeait – pour un temps seulement - les yeux du monde méditerranéen et l’activité des croisiéristes. Stupeur et tremblement pour le marché de la croisière qui jusque là avait le vent en poupe et connaissait une pleine expansion !

La crainte est d’autant plus exacerbée à Marseille, devenue depuis dix ans le port de référence pour des croisières « à grand spectacle » en Méditerranée. « Il est clair qu'un pareil événement porte un coup aux croisières et que pour nous, ce serait évidemment dommageable, parce que nous accueillons plus de 800 000 croisiéristes au cours de l'année (…) et que quand un croisiériste descend du bateau et vient dans les rues de Marseille, il y dépense en moyenne 150 euros » a ainsi déclaré Jean-Claude Gaudin (sénateur-maire UMP de Marseille), suite au naufrage.

Le port accueille en effet des passagers de paquebots « en transit » qui font escale à Marseille le temps d’une journée mais aussi des « tête de ligne » dont les passagers embarquent et débarquent dans la ville. Selon les chiffres de la Chambre de Commerce et d’Industrie Marseille Provence, 60% des premiers en profitent pour descendre du bateau et consommer des souvenirs, du shopping ou des produits touristiques. Et 7 croisiéristes sur 10 se disent prêts à revenir visiter la ville, cette fois-ci en simple touriste. Soit un total de 15,8 millions d’euros d’impact indirect composé des dépenses touristiques et de parking faites par les passagers.

"L'être humain a la faculté d'oublier"

Premier port de croisière en France en 2011, Marseille a accueilli 62 bateaux pour 400 escales. A la vue des chiffres des années précédentes, la cité phocéenne espère toujours enregistrer un total de 950 000 vacanciers croisiéristes pour l’année 2012 et dépasser le million en 2013. Et malgré le naufrage du Concordia, Costa Croisières n’a pas dit son dernier mot. Le groupe avait annulé logiquement toutes les croisières de son navire jusqu’au 25 février. Fin janvier, son programme a été réactualisé et sa présence au départ de Marseille, maintenue. Sont ainsi affrétés deux bateaux de substitution : le Costa Magica et le Costa NeoRomantica. Ce dernier reprendra le programme du Concordia et sera au départ de Marseille le 25 mars et le 1er avril pour deux croisières de 8 et 9 jours en Méditerranée.

Tant est si bien que malgré un fléchissement prévisible à court terme, les professionnels n’ont guère d’inquiétude. Ils gagent tout sur le temps et l’oubli, à l’instar de Jacques Truau, président du Cruise Club Marseille Provence qui déclarait courant janvier : « l'être humain a la faculté d'oublier assez rapidement les événements qui ont fait l'actualité. La façon dont le marché de la croisière va digérer l'accident du "Concordia" sera sans doute la même que pour les accidents survenus dans le secteur du transport aérien ». L’actualité lui donne raison. Le week-end dernier, malgré la promiscuité du drame, le dixième salon de la croisière à Nice a rencontré un très large succès.

Isabelle Appy