Marie-Arlette Carlotti a révélé aujourd'hui son patrimoine. Derrière cette volonté de transparence, se cachent aussi des intérêts politiciens et la bataille pour la mairie de Marseille. (Parti Socialiste / Flickr)

Patrimoine : Marie-Arlette Carlotti joue la transparence

Marie-Arlette Carlotti, la ministre du gouvernement Ayrault, et candidate à la mairie de Marseille, a révélé aujourd'hui l'état de son patrimoine.

Sur son blog, la ministre déléguée aux Personnes handicapées et à la Lutte contre l'exclusion, détaille précisément de quoi se compose son patrimoine immobilier et financier.

 

La marie de Marseille en arrière-plan

On y apprend ainsi que Mme Carlotti possède trois biens immobiliers, quelques actions boursières, des comptes épargne, une assurance vie ou deux véhicules. La totalité des sommes révélées est d'environ 630 000 euros.

Mme Carlotti précise que cette déclaration est exhaustive et que les acquisitions et placements ont été faits grâce à ses revenus professionnels, ses indemnités d'élue, les revenus professionnels de son mari, et l'héritage de ses parents.

En procédant ainsi, celle qui entend être la candidate incontournable aux municipales 2014 à Marseille, devient la première ministre à rendre public son patrimoine. Tous les ministres devront l'avoir fait d'ici le 15 avril, mais Mme Carlotti a préféré ne pas attendre cette échéance.

La raison de cet empressement est peut-être bien plus politicienne que morale. Dans la course à la mairie, chaque seconde compte. Patrick Mennucci, l'un des autres candidats socialistes potentiels, a communiqué son patrimoine dès mercredi dernier. Et c'est aujourd'hui, aux Palais des Congrès, que le maire des 1er et 7e arrondissements de Marseille présente officiellement sa candidature pour 2014.

 

Transparence ou vérité ?

L'annonce de Mme Carlotti aujourd'hui même n'est donc sans doute pas un hasard. Mais au-delà de ce petit jeu politicien, d'autres interrogations se posent devant cette volonté de transparence absolue.

Les sommes annoncées sont sensiblement les mêmes pour les deux élus, mais là n'est pas vraiment la question. Ce qui laisse perplexe dans cet emballement à déclarer ce que l'on possède, c'est que personne ne peut garantir l'exactitude de ces informations. Il s'agit simplement de les croire sur parole. Or, transparence ne signifie pas vérité.

Si une commission de contrôle, chargée de vérifier les sommes avancées, n'est pas mise en place, cette déclaration publique - comme a prévu de le faire également François Fillon ce soir - n'aura qu'une portée symbolique. Et servira plutôt de caution de bonne conscience pour ceux qui l'auront faite. Tandis que ceux qui tarderont à s'y résoudre seront forcément suspectés de vouloir cacher quelque chose.

L'an passé, pendant la campagne présidentielle, Jean-Luc Mélenchon s'était clairement prononcé contre ces déclarations publiques de patrimoine. Dans un entretien à La Croix, il estimait être « non pas un homme public, mais un homme privé qui a des activités publiques. »

Il se déclarait alors « favorable au contrôle du patrimoine des élus par un organisme indépendant, à la condition qu'il soit spécialisé et astreint au droit de réserve. La transparence ne doit pas être une exigence névrotique. Elle doit se manier avec délicatesse. Aucune vie n'est possible dans la transparence complète. »

 

Un spectacle politique de plus

Les dérives de cette exigence de transparence totale peuvent exister, Surtout si elle se transforme en calcul politicien et aboutit à une sorte de concours du plus transparent. Si elle devient un spectacle, en somme.

Savoir ce qu'un homme ou une femme possède, ou tout au moins ce qu'il ou elle prétend posséder, n'est pas un indicateur fiable de son honnêteté. Connaître l'état du compte en banque d'un politicien à un instant T peut être une information, à condition qu'elle soit vérifiée et validée. Mais ce n'est pas non plus révélateur de sa capacité à gouverner ou à être élu.

Le fossé creusé entre le monde politique et les citoyens est immense. Il n'est pas sûr que cette précipitation des politiciens à communiquer sur leur richesse personnelle contribue à le réduire.