En 2013 encore, le combat pour les droits de la femme reste à mener. (D R)

Droit des femmes, l'éternel combat

Hier, à l'occasion de la Journée de la Femme, l'Union des Familles Musulmanes ouvrait les portes de ses locaux, au centre-ville de Marseille, pour un moment de détente et de partage. En gardant bien à l'esprit que le chemin est encore long jusqu'à l'égalité.

Autour de midi, dans la salle de réception de l'association l'Union des Familles Musulmanes (UFM), tout proche du Cours Belsunce, les chaises sont déjà presque toutes occupées, mais l'ambiance est encore un peu timide. Une cinquantaine de femmes sont adossées aux murs blancs, quelques-unes discutent entre elles, d'autres attendent patiemment.

Les responsables de l'association s'affairent, les bénévoles sont là aussi, font l'aller-retour jusqu'à la porte d'entrée dès que la sonnette retentit. Peu à peu, la salle se remplit, le brouhaha des conversations commence à se faire plus net.

Un jour ne suffit pas

L'assemblée est presque exclusivement féminine. En ce 8 mars, l'UFM a tenu à marquer la Journée de la Femme en organisant cette réunion. Mais, comme le précise d'emblée Malika Bouzenoune, la présidente de l'association, « une journée, c'est bien trop réducteur, tous les jours appartiennent à la femme. »

Et si la rencontre a lieu dans un esprit festif, il n'est pas question d'occulter les luttes qui restent à mener. « Le cadre, c'est d'abord la défense des droits de la femme, mais on en profite aussi pour laisser de côté les soucis quotidiens et passer un bon moment », complète-t-elle.

Sur les tables, un copieux buffet est dressé. La musique commence à résonner, l'ambiance se réchauffe, des fous rires et des youyous accompagnent celles qui se lèvent pour aller danser.

Quelques mamans avec leurs bébés dans les bras apprécient, tout en restant assises. Nassima vit en France depuis quatre ans, elle est avec Rachel, sa petite fille de cinq mois. Elle profite de ce « moment de détente. »

Avec le temps...

Cette Journée de la Femme est à la fois utile, dans le lien qu'elle crée, et anecdotique sur sa portée générale. Linda confirme : « En réalité, ça ne change rien. Il y a des avancées, mais pas assez. Seul le temps fera évoluer les choses. »

Le temps est déjà passé sur les épaules des vieilles dames qui sont également présentes. Les problèmes de santé, l'isolement, l'absence des enfants, le manque de moyens, tout cela pèse sur leurs vies, mais elles aussi savourent la journée.

« Ces rencontres sont très importantes pour ces personnes âgées, insiste Nassera Benmarnia, fondatrice et ancienne présidente de l'UFM. Elles ne fréquentent pas les clubs du troisième âge, ça leur fait du bien d'être ici, de se retrouver ensemble. »

Les plus jeunes ont d'autres soucis. Ce moment de pause risque de passer très vite. En fin d'après-midi, il faudra déjà aller chercher les enfants à l'école, et reprendre le cours du quotidien. « A 16h30, c'est la fin des illusions », relève Mme Benmarnia. « La Journée de la Femme, ce n'est qu'un mythe », ajoute Dalila, une autre membre de l'association.

Le combat continue

Fatima est sortie dans le patio pour fumer. « Une journée, ce n'est pas grand chose, pour toutes les femmes qui sont maltraitées partout dans le monde, s'emporte-t-elle. Il faut qu'on reconnaisse leurs droits, et qu'on les laisse libres de s'exprimer ou de se vêtir. »

Firouze, elle, raconte le combat qu'elle mène pour que sa fille de quinze ans soit rescolarisée. Depuis que Camélia a été exclue de son lycée, en décembre, sa mère multiplie les courriers et les démarches pour qu'elle soit de nouveau acceptée dans un établissement. Sans succès.

« Lundi, j'irai m'enchaîner aux grilles de l'Inspection Académique, à Marseille. Il y a huit enfants qui sont dans le même cas que ma fille. Je suis prête à aller jusqu'au bout pour obtenir satisfaction », annonce-t-elle, pleine de détermination.

Un peu partout des foyers de discussion se forment, tout le monde expose ses petits problèmes ou ses grands tracas, ses petits bonheurs ou ses grandes joies.

Promesses et réalités

Il est bientôt 14h, la centaine de personnes désormais rassemblée se restaure en attendant le concert, prévu après le repas. Patrick Menucci, le maire de secteur, vient d'entrer dans la salle de réception. Il fait le tour de l'assistance, serre des mains, et après quelques bouffées sur sa cigarette électronique, se lance dans un bref discours.

La campagne pour les municipales 2014 est déjà commencée, et en futur candidat potentiel, il évoque l'enjeu de « l'égalité homme/femme, qui sera dans mon programme », assure-t-il.

Au regard des réalités si diverses de toutes ces femmes, les promesses électorales paraissent bien vaines. Et le chemin vers l'égalité encore bien long.