Crèche dans l'hôtel de Ville de Béziers : Robert Ménard 1 - Laïcité 0
Par nicolas éthèvePublié le
La crèche installée par Robert Ménard dans l'hôtel de Ville de Béziers y a toute sa place et peut y rester ! Ainsi en a décidé aujourd'hui le tribunal administratif de Montpellier qui a rejeté la plainte déposée par la Ligue des Droits de l'Homme et le biterrois Aimé Couquet (PCF). Pourtant, Jean Baubérot, grand spécialiste de la laïcité, est formel : la religion n'a pas sa place dans une mairie. L'historien et sociologue l'avait rappellé le 16 décembre, sur la blogosphère de Médiapart :
« l’Article 28 [de la loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l'Etat, Ndlr ] demande que les lieux publics qui représentent la collectivité soient religieusement neutres par respect pour la liberté de conscience de chacun, c’est une neutralité arbitrale. L’hôtel du département et la mairie sont dans ce cas. Et l’invocation de traditions ne respecte ni la laïcité ni même les religions (ainsi folklorisées) ».
« Il ne résulte pas de l'instruction, ni des explications apportées à l'audience que la décision d'installer une crèche dans le hall [de la mairie de Béziers, Ndlr] serait de nature à porter » atteinte « aux principes de laïcité et de neutralité », estime cependant le tribunal administratif de Montpellier dans son jugement.
Provocations médiatico-politiques
Au grand dam de Me Sophie Mazas, avocate des plaignants et présidente de la Ligue des Droits de l'Homme de Montpellier, qui avait pourtant rappelé que l'installation de cette crèche était une « violation de la liberté de conscience et de la neutralité du service public » inscrite dans dans la Constitution, ainsi que dans la loi du 9 décembre 1905 consacrant la séparation des Églises et de l’État.
Vainqueur de la première bataille dans cette nouvelle provocation médiatico-politique dont Robert Ménard a le secret, le maire de Béziers soutenu par le Front National, ouvre une nouvelle brèche dans le socle républicain. A quand la présence symbolique d'autres religions dans les mairies de France et quelles en seront les conséquences pour l'ordre public et le bien vivre ensemble ?
Mise à jour du 20.12.14, à 14h45 : Président de l'Observatoire de la laïcité Montpellier Languedoc-Roussillon et d'Ensemble et Citoyens Pour Montpellier, le Montpelliérain Boudjemaa Laliam avait également pris position contre l'établissement de cette crèche en mairie de Béziers. Il a réagi auprès de Médiaterranée à cette décision du tribunal administratif de Montpellier en revenant notamment sur le caractère juridiquement provisoire de cette première sentence. Voici son communiqué de presse en attendant les suites juridiques de cette affaire tristement polémique :
« La justice rejette un examen en urgence, la laïcité reste au cœur des préoccupations citoyennes ! Le tribunal administratif de Montpellier a rejeté la demande d'ordonner l'enlèvement de la crèche installée dans le hall de l'Hôtel de Ville de Béziers par le maire soutenu par le FN, Robert Ménard, dans la journée du vendredi 19 décembre pour "défaut d'urgence". La question de fond sera tranchée d'ici un an au regard des délais habituels de jugement. Le même scénario s'était produit pour la crèche du Conseil général de Vendée dont la décision de retrait d'une crèche, rendue en 2014, datait d'une requête de 2012 ».