Marseille : Un collectif d’habitants des quartiers unis contre la violence
Par jcsPublié le
Un collectif d’habitants des quartiers populaires de Marseille s’est formé afin de refuser la violence qui ronge leur quotidien.
Au-delà de la violence des règlements de compte sanglants, qui endeuillent ces quartiers à un rythme infernal, le collectif entend aussi réagir aux violences sociales, économiques, ou psychologiques, qui les dévastent également.
Réuni mardi au parc de Font-Obscure, près du Merlan, dans le 14e, le collectif a appelé à une marche contre toutes les violences, qui se tiendra le 1er juin. Le mouvement a pris de fait le nom de collectif du 1er juin.
Le jeu de mots qui en résulte n’est pas forcément heureux, tant le trafic de cannabis - et les joints qui se fument avec - pèse sur les règlements de compte en série de ces derniers temps. Mais c’est ainsi.
C’est justement à la suite d’une de ces énièmes attaques à la kalashnikov pour le contrôle d’un territoire de deal de shit, que l’idée du collectif a germé.
Un fait-divers de trop
"Le déclencheur a été la fusillade de la cité des Bleuets (en mars dernier, ndlr). Les jeunes se sont fait tirer dessus en pleine cité, à la sortie de l'école, devant les enfants. Et il n'y a pas eu de cellule psychologique mise en place comme à Paris quand ce monsieur s'est suicidé dans la cour d'une école", explique ainsi une jeune femme, dans un article paru sur le site Marsactu.
Ce fait-divers de plus, celui de trop, et la façon, encore une fois, dont les événements ont été gérés par les autorités, a fait naître l’initiative. Depuis, une vingtaine de quartiers se sont greffés autour du noyau, et le collectif appelle à une prise de conscience globale.
Patrick Cassina, le directeur du centre social de Malpassé, dans le 13e, tout près des Bleuets, espère que cet élan qui a commencé à prendre corps, ne faiblira pas. Avec en point de mire, cette marche du 1er juin, au départ de la gare St Charles.
Inutile de nier les problèmes, mais pour les résoudre, autant aller chercher à la source, c’est ce que revendique le collectif. L’emploi, le logement, l’éducation, l’accès à la culture, aux loisirs, c’est en s’attaquant à ces chantiers de fond que les solutions émergeront.
La politique du coup médiatique, si fréquente à l’époque de Sarkozy, qu’il soit ministre de l’Intérieur ou président, n’a guère changé depuis que le binôme Hollande-Valls a pris le relais.
La logique est peut-être légèrement différente, il ne s’agit plus seulement de coups d’éclats, les dispositifs sont censés s’inscrire dans la durée. Mais les réponses apportées restent essentiellement sur le terrain sécuritaire, et l'enchaînement des règlements de compte montre leur peu d'efficacité.
Face à la réalité marseillaise, et ses deux meurtres par mois, il ne suffit pas d’envoyer quelques uniformes en plus pour montrer les dents. C’est la racine de la violence qu’il faut atteindre pour enrayer sa mécanique.
Ouvrir une voie
Les effectifs déployés dans les Zones de Sécurité Prioritaire (ZSP) n’ont guère convaincu les membres du collectif. Ils attendent une police de proximité qui les tranquillise, au lieu de ça, l’Etat leur octroie une présence policière qui les maintient dans une situation de ghetto.
Les portes d’un ghetto sont fermées des deux côtés. Par leur action, les membres du collectif du 1er juin mettent la clef dans la serrure, ouvrent leur côté de la porte.
Ils demandent à être entendus, veulent que leur voix puisse porter, et surtout qu’elle soit écoutée. Que les décisions politiques qui les concernent soient prises avec eux, non plus sans eux, et encore moins contre eux.
Le rassemblement contre les violences, du 1er juin prochain, sera une première étape sur cette voie.