Le permis de construire de la Grande Mosquée de Marseille passe à la trappe
Par N.TPublié le
C'est un serpent de mer qui n'en finit plus de défrayer la chronique marseillaise: le projet de la Grande Mosquée de la cité phocéenne est à nouveau au point mort. Le tribunal administratif de Marseille a annulé jeudi 27 octobre le permis de construire du monument accordé en 2009. L'association en charge du projet devrait faire appel.
A l'origine de la décision du tribunal: la fronde des commerçants sous la houlette des comités d'intérêt de quartier (CIQ) des zones urbaines concernées par l'implantation du projet.
L'argument tout trouvé de l'absence de parking a vite fait de convaincre le tribunal qui en a rajouté une couche sur le thème de "l'insertion du projet de construction par rapport aux constructions avoisinantes, son impact visuel ainsi que le traitement des accès et du terrain". Cela à suffit pour renvoyer le projet aux calendes grecques.
«Les riverains ont enfin été entendus. Il n’est pas normal de se lancer dans des travaux pharaoniques sans prévoir le stationnement», s'est réjoui Pierre Metras président du CIQ Saint-Louis.
Le fait est seulement que les explications ne sont pas si simples, et même plutôt fumeuses. L'aménagement d'un parking de 450 places aurait été bel et bien projeté par la Communauté Marseille Provence Métropole (MPM). La décision toujours en instance de délibération n'a cependant pas convaincu le rapporteur public chargé d'enquêter sur la faisabilité du projet.
Le président (PS) de MPM dit "ne pas comprendre" qu'il soit question du parking avant même le démarrage du projet et promet de reprendre langue avec la Ville pour relancer l'affaire, sachant que le maire, Jean-Claude Gaudin (UMP) est théoriquement favorable à la construction.
"Il va falloir s’interroger sur le rôle de chacun, en particulier sur celui de Marseille Aménagement (une société d’économie mixte détenue à 50,51% par la Ville et MPM, ndlr), qui est quand même maître d’ouvrage du projet ", commente Fatima Orsatelli, trésorière de l’association.
Directrice de l'Union des familles musulmanes (UFM), Nassera Benmarnia estime pour sa part que le projet a du coup "perdu toute crédibilité au sein de la communauté, car trop politisé, trop enfermé dans des luttes de pouvoir et d’ego". Selon elle c'est la concertation qui a surtout fait défaut dans la conduite du projet. "C'est un fiasco, il faut tout reprendre à zéro. Dans ce dossier, ni les commerçants, ni les musulmans d'en bas n'ont été consultés", regrette-t-elle.
"Je trouve assez hallucinant qu’on nous annule le permis de construire pour une histoire de parking alors qu’on cherche à sortir l’islam du garage et qu’on veut arrêter les prières de rue", s'offusque pour sa part l’architecte Maxime Repaux.
Le projet de la Mosquée de Marseille, qui date de la fin des années 30, devait avoir une capacité d'accueil de 7 000 fidèles dans sa grande salle de prière ainsi qu'une école coranique, un restaurant, une librairie et une bibliothèque.
Les divisions internes à l’association entre communautés avaient déjà considérablement retardé l’avancement du projet. Le tribunal vient de lui donner le coup de grâce… jusqu'à, très probablement, la période post-électorale.