A Marseille, demain, le collectif du 1er juin lance son rassemblement pour lutter contre toutes les violences (J.C.S)

Marseille : Le rassemblement des quartiers contre toutes les violences a lieu demain

Pour la première fois, des habitants des quartiers de Marseille se sont regroupés pour porter leurs revendications.  Le collectif du 1er juin appelle à une marche contre toutes les formes de violence, demain, à 14h30 au départ des escaliers de la gare St Charles. 

“Maman, tu changeras pas le monde...” Voilà ce que répète le fils de Yamina Benchenni à sa mère. “Le monde, il doit changer. Si c’est pas pour moi, c’est pour toi”, lui réplique-t-elle. 

Depuis quelques semaines, elle est devenue la porte-parole du collectif du 1er juin. Engagée de longue date sur le terrain social, Yamina a vu défiler trente années d’échecs de la politique de l’état dans les quartiers. 

En 1983, elle était parmi les marcheurs qui montaient jusqu’à Paris pour réclamer l’égalité dans les quartiers. Demain, elle défilera à Marseille avec des revendications qui n’ont guère changé.

Entre temps, trente ans se sont écoulés, et si les revendications n’ont pas varié, c’est que la situation ne s’est pas arrangée. Au contraire. A Marseille, depuis des mois, les meurtres succèdent aux règlements de compte. 

“Pour moi, quand ce jeune s’est fait assassiner par un policier ivre et qui avait fumé du cannabis, (en février dernier, ndlr), la situation est devenue vraiment insupportable”, explique Yamina. Il aura fallu encore que le sang coule pour que les habitants des quartiers, saturés de n’être jamais ni entendus, ni écoutés, décident de se regrouper. 

“En mars, suite à un nouveau règlement de compte, une première réunion s’est tenue avec une centaine de personnes”, explique Patrick Cassina, le directeur du Centre Social Malpassé, dans le 13e. Mais on a voulu se démarquer de l’action à chaud, on a essayé de créer un mouvement sur le long terme. Tout est parti de là.”

 

Vingt-trois propositions rédigées

Chaque semaine, des réunions s’organisent, le collectif se structure, et agrège des habitants, des travailleurs sociaux, des CIQ, des syndicats d’enseignants, tous venus de divers quartiers marseillais. Le collectif du 1er juin est né. Des discussions et des débats, il ressort 23 propositions, que les habitants comptent porter auprès des autorités. 

La question sécuritaire n’est pas occultée, mais elle ne doit pas être le seul champ d’action. Les habitants attendent l’ouverture d’un véritable dialogue avec l’état. Pour faire entendre qu’au-delà du constat de l’insécurité, c’est un chantier bien plus vaste qu’il faut enfin ouvrir. “La seule intervention répressive et pénale ne peut répondre à la situation”, mentionne la troisième des propositions. 

L’enjeu est de rétablir l’égalité pour chasser le sentiment d’injustice qui gagne les quartiers. “Nous sommes français. Les jeunes pensent qu’ils sont français, mais qu’ils ne sont pas reconnus en tant que français”, le constat n’est pas nouveau.  

Transports, accès à l’éducation, au soutien scolaire, prévention, logement, culture, sports, loisirs,... La liste est longue et sur chacun des thèmes, tous les membres du collectif ne manquent pas d’exemples pour illustrer les carences

“Le soutien scolaire, il se passe chez moi”, lance Yamina. “Et les transports, j’en parle même pas...”, se désole Nordine. “On n’a pas de tramway dans nos quartiers, on a une gare à Ste Marthe, ils voulaient nous la fermer. Il a fallu se battre pour la garder”, rappelle Yamina. 

Demain, ils se rassembleront à 14h30 aux escaliers de la gare St Charles, et entameront une marche jusqu’à la Préfecture. Avec un seul mot d’ordre : “lutter contre toutes les formes de violence.”

Ils appellent tous les habitants de la ville, quels que soient leurs quartiers, à se joindre à eux. Difficile de prévoir combien ils seront. “Un millier de personnes, ce serait déjà bien”. Une fois arrivés à la Préfecture, ils espèrent qu’une délégation sera reçue par le préfet, afin de remettre les 23 propositions que le collectif a élaborées. 

Et quoiqu’il en soit, la mobilisation ne s’arrêtera pas là. D’ici deux semaines, un premier bilan sera tiré, afin de définir quelle suite donner au mouvement. 

 

Une pétition de soutien au collectif est en ligne sur cette page